Sur le vif - Samedi 02.11.9 - 18.15h
Jérôme Desmeules à Forum : excellente prise de parole, qui sonne comme un affranchissement de l'UDC latine face aux ukases de Zurich. Avec une fibre sociale, un souci des vraies préoccupations des gens, une attention aux souffrances de nos compatriotes. Je reviendrai sur ce moment, qui m'apparaît comme important dans l'Histoire complexe, entrelacée de paradoxes, des droites, en Suisse romande. Une Histoire qu'il convient évidemment de connaître à fond, canton par canton, pour porter sur elle un jugement qui soit celui du recul et de la perspective.
Juste dommage que M. Desmeules se défende d'être "étatiste" : ce mot, dans l'univers politique romand, n'est pas une insulte ! Dommage, aussi, qu'il se cramponne à l'étiquette de "libéral".
Il y a une grande place, en Suisse romande, pour une droite nationale, souverainiste, mais aussi sociale, humaniste, et n'ayant nulle peur de l'Etat comme instrument de sa politique. Une droite anti-libérale.
L'Etat, ce ne sont évidemment pas des milliers de fonctionnaires derrière des guichets, surtout pas ! Encore moins, des budgets déficitaires, et la dette publique qui se creuse. Mais une conception de l'intérêt commun, dans une très longue tradition, au fond héritée de Rome, la "res publica". Le rapport à l'Etat est assurément plus fort chez les Latins que chez les Alémaniques, où le Freisinn, avec son rapport philosophique au libre-échange, à bien des égards hérité du Zollverein allemand de mars 1833, déborde sur l'UDC. Franchement dit, Blocher et Bahnhofstrasse, ce fut longtemps blanc bonnet, bonnet blanc.
Mais au-delà de cette divergence sur l'Etat, je dis bravo à Jérôme Desmeules. Dans la petite musique de ses mots, s'esquissait comme l'amorce d'une prise de liberté de la tradition conservatrice romande, pétrie de cohésion sociale, par rapport à l'UDC des milliardaires, celle qui signe sans sourciller les Accords de libre-échange. Ou, tout au moins, l'UDC du milliardaire, au singulier.
Quelque chose est en train de se passer, c'est sûr. Enfin, disons : quelque chose commence.
Pascal Décaillet