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Armée européenne : l'inculture de Macron

 

Sur le vif - Vendredi 16.11.18 - 17.37h

 

Il ne saurait exister d'armée européenne, pour la simple raison qu'il n'existe pas d'Europe.

 

Une armée, c'est l'épée d'une nation. Pour qu'il y ait armée, il faut qu'existe farouchement, derrière, une communauté d'hommes et de femmes suffisamment soudés, dans l'ordre des valeurs, de la mémoire, du projet commun, pour crier au monde leur volonté de vivre ensemble.

 

Exemple : la France révolutionnaire de 1792, celle qui lève en masse le peuple pour défendre les frontières et les valeurs nouvelles, alors que les têtes couronnées d'Europe, coalisées (elles le seront jusqu'en 1815), préparent l'invasion pour rétablir l'Ancien Régime, avec ses privilèges. Là, dans ce moment d'exception de l'Histoire de France, ceux qu'on a appelés les Soldats de l'An II, patriotes comme jamais, ont donné à l'Europe une incroyable leçon.

 

Pour qu'il y ait armée, il faut qu'il y ait nation politique. Il faut que ceux qui tiennent l'épée soient soutenus par le peuple. Ils l'ont été, dans la France en guerre, entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918.

 

Pour qu'existe donc, un jour, cette fameuse "armée européenne", qu'un Président sans mémoire et sans culture politiques a cru bon, juste en passant, de lancer dans l'opinion, comme un feu de Bengale, sans le moindre arrière-pays mental dans l'ordre de l'Histoire, il faudrait qu'existe un jour une véritable Europe politique.

 

Existera-t-elle un jour ? Je n'en sais rien. Mais j'ai la certitude qu'aujourd'hui, elle n'existe pas. Au contraire, le château de cartes, construit sur de mauvaises bases, s'effondre.

 

Stratégiquement, qu'avons-nous en Europe ? Réponse : deux armées crédibles. L'armée française. Et, la rattrapant à grandes enjambées, dans l'indifférence générale, l'armée allemande. Eh oui, l'Allemagne est en plein réarmement, depuis Helmut Kohl, cela semble n'intéresser personne, elle réarme même sa marine, au point que cette dernière pourrait rattraper la Royal Navy dans un combat acharné, entamé à la fin de l'ère bismarckienne, sous l'impulsion du Grand Amiral Alfred von Tirpitz (1849-1930), véritable fondateur de la Kriegsmarine, pour la suprématie en mer du Nord et en Baltique.

 

Une armée française, qui n'est pas rien. Un armée allemande, en constante solidification. Cela, ce ne sont pas des rêves. C'est la réalité stratégique d'aujourd'hui.

 

Un jour, les Américains, arrivés le 6 juin 1944 (et même un peu plus tôt, en Italie), quitteront le sol européen. Ce jour-là, pas si lointain, il y aura, sur le continent, et jusqu'à la Russie, une armée française, et une armée allemande. Cette dernière sera devenue la plus puissante en Europe. A partir de ces fondamentaux, chacun d'entre nous peut fantasmer les scénarios qu'il veut, mais cela restera précisément des scénarios.

 

Pour l'heure, il n'existe aucune espèce d'Europe politique, nous en sommes infiniment loin. Il ne saurait donc exister d'armée européenne.

 

Pour l'heure, il existe en Europe des nations. Avec des armées nationales. Principalement, une armée française, une armée allemande. Le reste, ce sont des rêves et des paravents. Autant dire, rien : nulle politique ne saurait se fonder sur d'autres ancrages que ceux des réalités.

 

Pascal Décaillet

 

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