Sur le vif - Lundi 13.08.18 - 23.08h
La dimension multilatérale du monde n'existe tout simplement pas. Elle est juste une vision abstraite, intellectuelle. Une fiction. Il n'y a pas d'Organisation des Nations Unies, pour la bonne raison que les nations de notre planète ne sont pas unies, et que nulle véritable organisation ne les relie entre elles.
Ce qu'on nous donne, depuis 1945, 1946, la sortie de la guerre, comme une réalité, à laquelle on a donné le nom "ONU", pour succéder à la catastrophique SDN de l’Entre-deux-guerres, n'existe simplement pas. Tout au plus, comme en Corée au début des années 50, ou au Koweït en 1991, pour servir de paravent planétaire à l'impérialisme américain. Ou alors, comme caisse de résonance, à New York ou Genève, pour d'interminables palabres. Inutiles. Jamais l'ONU n'a contrarié l'ordre de fer des puissants de l'Après-guerre. Ces derniers, au Conseil de sécurité, y ont d'ailleurs leurs pantoufles. Et leur droit de veto.
Le multilatéral politique (nous ne parlons pas ici de l'humanitaire) n'existe pas, en tant que tel. Il n'est là que comme couverture, sous un autre nom, pour cautionner l'ordre du monde des grands, à commencer par celui des États-Unis d'Amérique. Promenez-vous dans la Genève internationale : la contiguïté entre la Mission américaine et l'ONU vous saisira.
Au contraire de cela, la nation existe. La nation française. La nation allemande. La nation italienne. Etc. Elle a des qualités et défauts, mais elle existe. Elle est palpable, concrète, inscrite dans le temps, gravée dans les strates de la mémoire.
La nation existe. Elle est vérifiable. Elle a versé le sang, érigé le marbre et le bronze du souvenir, signé des traités, façonné les frontières, elle a remporté des victoires, subi des défaites. Elle a ses moments d'ombres et de lumières. On les connaît, c'est écrit, on peut toucher.
La nation existe. Entre les humains qui la composent, elle a créé, au fil des générations, des heurs et des malheurs, une communauté invisible d'une puissance inouïe, dans l'ordre de la mémoire. Elle a partagé le monde sensible, elle a créé un espace dans lequel tous puissent se reconnaître.
Face à la puissance narrative de la nation, celle de Michelet en France, celle de Fichte ou des Frères Grimm en Allemagne, celle de Manzoni et Verdi en Italie, le gentil château de cartes multilatéral des années post-1945 ne régate pas. Il n'a aucune chance. Parce qu'il ne raconte rien, que l'ennui et l'inutile. Il ne produit que le déracinement. Il ne parvient pas à masquer sa totale inféodation aux grandes puissances, principalement les USA.
Cette conception désincarnée, celle des BHL et des Kouchner, a fait suffisamment de mal. Nous allons vers des temps où les peuples, fatigués de la grande illusion cosmopolite, exigeront spontanément le retour des patries, celui des frontières, celui des périmètres nationaux. C'est cela, l'un des éléments, parmi d'autres, de la Révolution conservatrice, fraternelle et sociale qui nous attend.
Pascal Décaillet