Sur le vif - Samedi 28.07.18 - 13.12h
La prise en otage de l'idée européenne, dès la chute du Mur (1989), par les idéologues du libre-échange, est la cause majeure de l'effondrement, aujourd'hui, de l'Union européenne.
Depuis trois décennies, on nous décrète que l'Europe serait ontologiquement libérale, qu'il n'y aurait d'autre voie de salut que l'ouverture des frontières, le grand bazar de la libre circulation des marchandises et des personnes.
Eh bien non. L'Europe continentale n'est en rien libérale par nature. J'ai étudié à fond l'Histoire des deux principaux pays de ce continent, la France et l'Allemagne. Ils ne sont libéraux ni l'un, ni l'autre !
Pour la France, c'est chose connue de tous. À part un épisode de libéralisme sous le Second Empire, la France a toujours été un pays dirigiste et planificateur. Déjà bien avant la Révolution jacobine !
Quant à l'Allemagne, c'est bien mal connaître les profondeurs de son Histoire que de la tenir pour libérale. C'est Bismarck, oui le grand Bismarck, qui est à l'origine de toutes les grandes lois sociales allemandes, des premières conventions collectives, de la première protection des travailleurs, digne de ce nom, en Europe. Cette tradition sociale a perduré dans la mentalité collective allemande.
La grande imposture n'est pas que des libéraux soient libéraux, ils ont évidemment le droit le plus total à défendre le modèle de leur choix.
Non. La grande imposture nous vient de la petite clique d'ultras, dérégulateurs, casseurs de services publics nationaux et de cohésion sociale, qui ont imposé, depuis trois décennies, la sauvagerie de leurs vues comme prétendu modèle unique d'organisation de l'Europe.
Ces gens-là ont lamentablement échoué. Leur responsabilité, dans la destruction du lien social, est immense. Il faut maintenant, dans tous les pays de notre continent, repartir sur d'autres bases. Respecter l'échelon de la nation. Écouter VRAIMENT les peuples.
Vaste programme, mais passionnant défi, sur les décombres de l'ultra-libéralisme, pour lequel l'Europe n'est pas faite. Ni historiquement. Ni philosophiquement. Ni politiquement.
Pascal Décaillet