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Macron, la politique mêmement

 
Sur le vif - Lundi 23.07.18 - 23.50h
 
 
Emmanuel Macron, dans sa campagne 2017, nous annonçait vouloir faire de la politique autrement. Tout le monde sait maintenant - nous le relevions pour notre part dès la campagne présidentielle - qu'il ne fait pas de la politique autrement. Mais qu'il fait de la politique mêmement. Entendez qu'il en fait comme tous les autres.
 
Homme, parmi les hommes. Assoiffé de pouvoir et de miroirs, parmi les assoiffés. Sarkozy, en pire. Un arriviste de passage, encroûté dans l'antique noirceur des scénarios de duperie et de domination. Un Jupiter foudroyé par le banal. Un routinier de l'orléanisme. Un Rastignac, sans le génie de Balzac.
 
Un super-malin. Il a, non sans appuis financiers dont il faudra bien que les historiens démêlent les origines, pulvérisé la campagne de François Fillon. Il a laissé les socialistes vérifier leurs options métaphysiques sur la jouissance philosophique du suicide, il a joué l'homme nouveau, il nous a fait le coup de Kennedy et de Giscard, les gens ont marché. Pas nous. Reprenez tous nos textes du printemps 2017.
 
Il ne pouvait pas "faire de la politique autrement", pas plus que Kennedy ni Giscard, pour la simple raison que la politique, lorsqu'elle charrie des rapports de forces et de pouvoirs, n'est jamais "autre", mais toujours désespérément semblable à elle-même. Il faut faire lire à tous les élèves le Jules César de Plutarque, puis leur faire visionner le discours de Marc-Antoine, pour charger Brutus et Cassius, dans la version inoubliable de Marlon Brando, dans le film de Joseph Mankiewicz (1953), tiré de la tragédie de Shakespeare. On en retiendra le paroxysme de l'immuable, la permanence des ambitions, l'éternité d'ébène du pouvoir.
 
A la tête de la France, pour quatre ans encore, un petit malin qui a profité, en 2017, de l'auto-pulvérisation d'une vieille classe politique essoufflée, à gauche comme à droite, pour se faire une place au royaume du Soleil, dans la Galerie des Glaces. Un homme sans culture politique, sans amour de la politique, habité même par une profonde détestation des politiciens. Le contraire d'un Mitterrand ou d'un Chirac, blanchis sous le harnais des circonscriptions, des élections régionales, des millions de mains à serrer. Monter de la Province vers Paris, oui, mais en y revenant sans cesse.
 
Aujourd'hui, l'homme qui méprise les politiciens les a tous contre lui. De la gauche à la droite, c'est une coalition des oppositions qui, prenant prétexte de l'affaire de son Favori, exige du Président qu'il s'explique. Les fusibles sauteront, jusqu'à priver de Lumière la place Beauvau. Et la bonne vieille classe politique, celle que Macron avait cru anéantir en la foudroyant, lors de son élection en 2017, viendra lui rappeler qu'en politique, l'entêtement enraciné du "mêmement" l'emportera toujours sur l’aléatoire volatile et prétentieux, trompeur surtout, de "l'autrement".
 
 
Pascal Décaillet
 
 

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