Sur le vif - Samedi 16.06.18 - 07.38h
L'Europe n'est pas libérale par essence. Mais seulement parce que certains dirigeants, à un certain moment, lui ont imposé la tyrannie des marchés libéraux. C'est le péché originel, porteur de tous les maux de l'Union européenne, aujourd'hui.
Notre vieux continent n'est pas un dominion hors-taxes de la jungle anglo-saxonne. Il est, tout au contraire, le produit d'une immense Histoire où les communautés humaines, au fil des générations, ont tissé des liens de reconnaissance, de solidarité, de mutualité.
Cela, pendant des siècles, s'est construit autour des grands Ordres chrétiens. Mais aussi, dans le registre temporel, autour de la notion d'Etat, autour de la loi et de la chose écrite. L'Europe est un lien, une mise en partage des cultures. La réduire à un marché relève d'une conception vulgaire, inachevée, de la mission de notre continent dans le monde.
Le jour où les pays d'Europe mettront en commun l'intime richesse de ce qui les unit, de Weimar à Cluny, de Delphes à Tübingen, de Dresde à Sénanque, de Sienne à Nuremberg, là oui, s'élèvera quelque chose dans nos âmes. Pour l'heure et pour de nombreuses générations, je n'entrevois que la permanence des nations.
Pascal Décaillet