Sur le vif - Mardi 05.12.17 - 14.30h
Il y avait tout de même, avec Jean d'Ormesson, quelque chose de singulier.
Tout le monde le connaissait. Tout le monde l'adorait. Tout le monde l'écoutait - je dis bien "l'écoutait" - avec enchantement. Il faut dire qu'il parlait merveilleusement. Je dis bien "il parlait".
Bref, tout le monde reconnaît comme "écrivain" (et je ne nie pas, une seule seconde, qu'il le fût), un homme que l'on connaissait principalement pour... le son de sa voix.
Sur tous ces gens, combien ont-ils vraiment lu ses livres ?
Certains, bien sûr. Ou même beaucoup, je veux bien. Mais évidemment pas tous.
Voilà donc un diable d'homme qui écrivait des livres. Et auquel tous donnaient quittance d'être "un grand écrivain". Non pour avoir lu ses ouvrages... Mais pour avoir été envoûtés par le son de sa voix.
Il y a, dans ce destin, comme un hommage lointain à la lyre d'Orphée.
Pascal Décaillet