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A propos de l'entretien politique

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Sur le vif - Dimanche 02.04.17 - 15.43h

 

L'entretien politique doit s'articuler autour des idées et des projets, des réalisations ou des ratés, des engagements tenus ou trahis. Il doit s'appuyer sur des faits. Il exige, de la part de celui qui pose les questions, une connaissance des dossiers aussi vaste, voire davantage, que celle de la personne interrogée. Il doit avoir pour champ la vie publique, la Cité, l'intérêt supérieur de l'Etat, en aucun cas la vie privée du politique interrogé.

 

Le questionneur ne doit pas seulement maîtriser la photographie du présent, mais la chaîne diachronique, entendez le jeu, complexe et puissant, d'antécédents, de causes et d'effets qui ont, au fil de l'Histoire, amené à une situation politique. C'est ce qui a tant manqué lors des guerres balkaniques des années 1990. Alors, faute de comprendre historiquement de quels enjeux on parlait, on a rejoint le camp des moralistes et des indignés, toujours dans le même sens.

 

Au fond, dans l'entretien politique, le questionneur et l'interviewé crapahutent, depuis des décennies, dans le même terrain. L'un comme géomètre, connaisseur, familier du cadastre. L'autre, comme acteur, tout aussi rompu au relief, aux aspérités, à la connaissance des hommes et des réseaux.

 

Leur terrain d'action est le même. Mais leurs fonctions sont radicalement différentes. Le questionneur tente de comprendre, survit grâce à sa lucidité, mûrit dans l'intensité d'une solitude. Le politique, lui, passe son temps dans l'immersion du réseau, ses soirées dans des assemblées ou comités. Il tutoie, trinque, arpente.

 

Et, de temps à autre, ces deux destins se rencontrent. Cela dure quelques minutes, ou dizaines de minutes. Cela s'appelle un entretien politique. Je milite pour le maintien de cet exercice, dans les conditions exactes que j'édicte plus haut, sans concession sur le fond mais avec courtoisie, respect mutuel, échange de la parole.

 

C'est autour de la parole vive, improvisée, inattendue, autour du choc, comme des silex, de deux paroles sincères, au service de deux fonctions différentes, qu'un entretien politique a des chances de devenir une réussite. Non pour le paraître. Mais pour un peu plus de lumière sur le champ commun.

 

Pascal Décaillet

 

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