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Ecopop : deux conseillers fédéraux perdent les pédales

 

Sur le vif - Lundi 27.10.14 - 12.18h

 

Chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays a le droit de penser ce qu’il veut d’Ecopop. Et de voter ce qu’il veut. Nous avons face à nous un texte, avec des propositions de changement de la Constitution. Ce texte, voulu au départ par un comité restreint, se trouve avoir recueilli plus de cent mille signatures. Il nous faut maintenant voter. Il n’y a là rien de bizarre, rien d’anormal, rien de diabolique : c’est juste le lot de notre ordre démocratique, qui prévoit expressément le droit d’initiative. Pourquoi faudrait-il faire grief à nos concitoyens de s’en servir ?

 

Dès lors, il est particulièrement choquant d’entendre deux conseillers fédéraux, dont j’admire au demeurant l’intelligence et la tenue, déraper gravement. Simonetta Sommaruga, s’exprimant sur ce texte ayant franchi tous les obstacles pour être soumis au souverain (y compris les désormais routinières tentatives d’invalidation), le traite de xénophobe. L’accusation n’est pas banale, elle est même lourde. La xénophobie, étymologiquement peur de l’étranger, est perçue aujourd’hui dans le sens public comme un dénigrement méprisant de ce même étranger. Une stigmatisation. Désolé, j’ai beau lire et relire le texte qui propose une limitation des flux migratoires, je n’y vois strictement rien qui soit de nature à dévaloriser l’Autre (ce que je détesterais) dans l’essence même de son altérité.

 

Mais il y a pire : en taxant l’initiative de « xénophobe », la conseillère fédérale adresse implicitement le même grief aux plus de cent mille compatriotes qui ont signé le texte, et aux plusieurs centaines de milliers qui le voteront le 30 novembre. Qu’un membre de notre gouvernement se permette un tel jugement de valeur sur des compatriotes citoyens ne faisant (comme on les y invite) que répondre (en l’espèce, par oui) à une question qu’on leur pose, n’est pas admissible. Et dévoile un peu plus le fossé entre nos gouvernants et la masse des citoyens.

 

L’autre conseiller fédéral qui dérape, c’est Alain Berset. Croyant bon de parodier la célèbre remarque concernant l'exécution du Duc d'Enghien (1804), le très bienpensant Fribourgeois nous déclare qu’Ecopop « est plus qu’un crime, c’est une faute ». Diable ! Voilà donc le corps souverain des citoyens, celui qui dans notre pays décide en ultime recours (et attend avec impatience, en passant, qu’on applique sa décision du 9 février) mis en demeure, par l’Eminence Berset, d’éviter le péché. Voilà, nous prêche-t-on de Très Haut, ce qui est juste et bon, et voilà ce qui ne l’est pas.

 

Citoyennes, citoyens de ce pays, votez ce que vous voulez sur Ecopop. Mais de grâce, votez en conscience, et en toute liberté. Une initiative est une affaire du peuple avec le peuple. Elle n’est pas celle des conseillers fédéraux, ni des parlementaires. Surtout lorsque du Ciel on vous pointe, d’un index divin, le droit chemin, ou celui de la faute. Dans notre démocratie directe, il n’y a ni Paradis, ni Enfer. Juste des citoyens libres, face au destin du pays.

 

Pascal Décaillet

 

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