Coup de Griffe - Lausanne Cités - Mercredi 28.05.14
En Suisse romande, il devient plus difficile d’entrer dans un photomaton qu’à un chameau, de passer par le chas de l’aiguille. Vous voulez renouveler un document officiel, comme votre demi-tarif CFF, votre carte de bus, celle d’identité, ou votre permis de conduire ? On vous dit qu’il faut une photographie conforme. Dont acte. Bonne poire, vous vous dirigez vers un appareil qui s’en charge automatiquement.
C’est là que les ennuis commencent. D’abord, l’appareil ne rend pas la monnaie. Ça coûte huit francs, vous ne pouvez que mettre un billet de dix, mais pas de monnaie. Ensuite, une voix aimable (je l’ai cherchée en vain, cette dame, à l’intérieur, j’avais deux mots à lui dire) vous signifie une quantité d’interdictions. Streng verboten ! Ne pas sourire. Ne pas fermer les yeux. Ne pas placer son regard sous la ligne, ni dessus. Un peu refroidi, vous vous lancez dans les premiers essais. Peine perdue ! Jamais valable. « Document non conforme ».
Vous avez droit à trois essais. Le document n’est jamais conforme. Alors que vous évitez de sourire, vous fixez l’appareil, votre orbite oculaire est parfaitement placée. A la fin, vous imprimez quatre photos “non conformes”. Elles sont pourtant impeccables. Vous avez mis dix francs, l’appareil vous en a retenu deux. Et vous n’avez toujours pas renouvelé votre demi-tarif. Ce nouveau système de photomaton, c’est l’un des plus grands foutages de gueule depuis l’Emprunt russe de 1889. 125 ans, bordel.
Pascal Décaillet