Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 12.02.14
Dimanche 9 février, le peuple suisse a tranché. À l’issue d’un vaste débat populaire, il a livré son verdict. Il y a ceux qui s’en réjouissent et ceux qui le déplorent, c’est la loi de notre démocratie. Chacun doit respecter l’autre. Le vainqueur ne doit pas triompher face au perdant. Mais ce dernier, de son côté, doit au moins prendre acte du résultat. En reconnaître la légitimité.
On peut être en joie ou en colère, c’est selon. Mais au nom de quoi faudrait-il, comme le suggérait le lundi 10 février la manchette d’un quotidien orangé, avoir « honte de notre pays ». Pourquoi honte ? Honte de quoi ! Passons sur la méthode qui consiste à aller chercher un brave restaurateur en Ajoie, dont les deux sommelières sont françaises, et d’extrapoler son sentiment sur l’ensemble de la Suisse romande.
Oui, passons sur ce tripatouillage de l’opinion publique. Et demeurons sur le fond : honte de quoi ? Nous avons un système démocratique, unique au monde, et que le monde nous envie. Ce système a parfaitement fonctionné. Après des semaines de campagne, le souverain a pris sa décision. Elle réjouit les uns, exaspère les autres. Mais elle est totalement légitime, et ne constitue en rien une violation du droit. Au contraire, elle dit le droit ! Toute honte bue, jusqu’à la lie, construisons ensemble l’avenir de ce pays. Et laissons aux adeptes du Divin Marquis l’extase du fouet, par soi-même administré.
Pascal Décaillet