Sur le vif - Mercredi 08.01.14 - 00.34h
En apparence, rien à redire. En ce début d’année, les rois à peine tirés, la SSR invite le président de la Confédération. L’homme est courtois, très agréable, bien préparé, précis, percutant. Didier Burkhalter en très bonne forme. A part un épisode niais et déplacé sur son épouse, en guise de Points de vue et images du monde, en fin d’émission, le propos fut intéressant.
Le problème, c’est que nous sommes à quatre semaines et cinq jours d’une votation amirale. Dans laquelle M. Burkhalter – il l’a clairement annoncé dans ses vœux – a l’intention de jouer le rôle de chef de l’opposition à l’initiative de l’UDC « contre l’immigration de masse ». A ce rôle de leader, je ne vois pour ma part aucun inconvénient. Le président de la Confédération n’est pas un eunuque, il défend la politique du Conseil fédéral, sa place est dans l’arène, pour convaincre. Je n’ai donc aucun reproche à adresser à M. Burkhalter. Il fait son job.
Mais là, pendant plus d’une heure, il est mis en vedette. Même avec de rares contradicteurs (François Schaller, excellent), c’est lui qu’on voit, lui qu’on écoute, lui qu’on retient. Encore mieux mis en valeur, par ce jeu de dialectique d’enluminure, qu’au fond, s’il était seul.
Bref, ce soir M. Burkhalter, lui d’ordinaire si réservé, a fait son show. Et il l’a fait sur le principe même de cette réserve dont il se réclame. Quel homme sobre, chantaient les chaumières, oubliant que la sobriété était sur scène. Mise en scène cistercienne du mystère.
Ce soir, la SSR a offert plus d’une heure d’antenne au camp du non. Elle nous annonce un grand débat, d’ici quelques jours. Mais l’équilibre – le vrai – exigerait qu’un partisan du oui bénéficie sans tarder de la même plateforme que celle du militant en chef du Conseil fédéral, et dans la foulée du patronat, et de toute l’officialité politique suisse dominante, ce soir.
Cette émission d’équilibre n’aura pas lieu. Parce que la SSR est à la botte du Conseil fédéral. Tout simplement.
Pascal Décaillet