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Echange automatique de trahisons

 

Sur le vif - Dimanche 23.12.12 - 17.58h

 

À très juste titre, le président du PLR suisse, Philipp Müller, attaque la ministre fédérale des Finances, parlant de « jeu trouble » dans les positions qu’elle multiplie – et les gages qu’elle donne, unilatéralement – à l’Union européenne, dans le dossier fiscal. En se disant « prête à discuter » sur l’échange automatique d’informations, Eveline Widmer-Schlumpf fait en effet cavalier seul, laisse imaginer aux Européens une concession qui n’existe que dans sa tête, et dans celle de la gauche, en aucun cas au sein de son collège, encore moins au Parlement, ne parlons pas de l’opinion publique de notre pays. Du coup, le patron du PLR demande que la  conseillère fédérale, qui a accumulé bourdes et concessions, soit dessaisie du dossier de la négociations fiscale avec l’UE. Il a parfaitement raison.

 

Dans le dossier fiscal, la Suisse est en guerre. Certains de nos voisins, endettés jusqu’au cou parce qu’ils ont géré beaucoup moins bien que nous leurs dépenses publiques, dilapidant sans compter, veulent notre peau pour se renflouer. Certaines places financières étrangères, concurrentes de la nôtre, autrement prédatrices sur le plan des méthodes, veulent saigner la Suisse. Dans ces conditions, sur ce point-là, notre pays doit se considérer comme en guerre. Et les négociations doivent se faire au couteau. Ne rien lâcher. Se souvenir à tout moment que nous sommes un pays souverain, indépendant, certes ami de nos voisins, certes désireux des meilleures relations avec l’Union européenne, mais en aucun cas disposé à se faire dévorer par des rapaces. Notre système fiscal est le fruit de notre Histoire, de nos décisions internes, de notre dialectique démocratique : nous n’avons pas à paniquer, et à le réformer dans l’urgence, sous le prétexte qu’on fait pression sur nous.

 

Reste le problème Widmer-Schlumpf. Quand on aura bien voulu se dessaisir de la béatitude face à la Grisonne, on arrivera peut-être à parler de cette dame avec la lucidité qui s’impose. Pourquoi ce double discours ? Pourquoi ces concessions précipitées ? Pourquoi ce rapport si trouble, si flanchant, si fragile, à la notion de loyauté ? Souvenons-nous tout de même : conseillère d’Etat grisonne, acceptant dans le plus grand secret de devenir conseillère fédérale si on parvenait à dégommer Christoph Blocher, ministre en poste de son propre parti, elle fut déjà, en cet automne 2007, une championne du double jeu. Titrant « la droite trahie » une heure après la non réélection du Zurichois, publiant sous ce titre mon édito du Nouvelliste du lendemain (13 décembre 2007), j’ai affronté, à l’époque, une brouille de plusieurs mois avec le président du PDC suisse. Je considérais le message comme catastrophique pour l'unité des familles de droite dans notre pays, et aussi pour l'image d'une démocratie chrétienne qui ne m'a jamais été indifférente, cela pour mille raisons, notamment familiales.

 

Car cette alliance de hasard avec la gauche a donné le ton dans pas mal de cantons, brouillant ainsi le message au sein des familles de la droite suisse, pour plusieurs années. A Genève, dès sa réélection en 2009, c’est un ministre radical qui compose avec les Verts, traitant comme des Gueux des cousins de droite qui devraient être ses alliés. Dans le canton de Vaud, c’est un candidat PLR, l’automne 2011, qui bâtit toute sa campagne sur la diabolisation de l’UDC.

 

L’intervention musclée du président du PLR suisse, hier dans le Tages Anzeiger et le Bund, remet les pendules à l’heure. Et nous rappelle la singularité de ce système où le premier parti du pays, de loin, n’a droit qu’à un seul conseiller fédéral, socialistes et PLR, pourtant loin derrière, en ayant deux chacun. Quant à Mme Widmer-Schlumpf, dont la fidélité à des valeurs ne semble pas l’obsession première, il conviendra à ceux-là même qui l’ont portée au pouvoir, d’en tirer les conséquences. Il en va de l’intérêt supérieur de notre pays.

 

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

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