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Quand le PLR confisque la démocratie

 

Sur le vif - Samedi 01.12.12 - 12.02h

 

Citoyen de ce canton, je suis réservé sur la bonne vieille traversée de la rade, version UDC, et lui préfère largement la vision plus ample d’une traversée du lac, celle qui pourrait enfin donner à Genève sa ceinture périphérique. Je voterais donc non, sans doute, au projet de l’UDC. Mais je demande à pouvoir voter ! En se camouflant, comme je l’ai souligné ici même mercredi, juste après le communiqué du Conseil d’Etat, derrière un insupportable jargon juridique, avec des histoires « d’initiative normative » auxquelles personne ne comprend rien, le gouvernement de ce canton montre son vrai visage : il cherche à éviter que le peuple se prononce. Affaiblir l’image d’un parti d’opposition gouvernementale. Il ne fait évidemment pas du droit, mais bel et bien de la politique. Une politique honteuse, petite, défensive, recroquevillée, à l’image de cette équipe 2009-2013 qui restera l’une des plus timides de l’après-guerre.

 

Citoyen de ce canton, je ne suis pas sûr d’être très convaincu par l’initiative des socialistes sur les allègements fiscaux. Mais je demande à pouvoir voter ! La majorité de droite du Grand Conseil, en invalidant ce texte, a montré qu’elle avait peur du peuple. Détestable.

 

Citoyen de ce canton, petit entrepreneur moi-même, je ne suis pas sûr d’être partisan de l’initiative des syndicats demandant l’instauration d’une police du travail. Mais je demande à pouvoir voter ! Et hier, qui a-t-on retrouvé, une fois de plus, pour nous brandir des histoires de droit supérieur (la tarte à la crème quand on veut empêcher le peuple de s’exprimer) ? Le PLR ! Encore et toujours le PLR. Pas seulement lui certes, mais assurément il détient le record des demandes d’invalidations. Terrible signal, confortant dans la population l’image d’un parti d’élites, de notables, tentant de refuser la démocratie directe, timoré face aux signaux qui pourraient surgir d’en bas. Finalement, grâce à l’UDC, le texte est passé. Mais le PLR ne sort pas grandi de ce combat, surtout lorsqu’un député, changeant miraculeusement de casquette alors que le Grand Conseil siégeait encore, signait, comme directeur de la Chambre de commerce et d’industrie, un communiqué hallucinant, qui dénonçait « un putsch contre le partenariat social ».

 

Le vrai putsch, Cher Jacques Jeannerat, toi dont je partage la plupart des idées, c’est lorsque des corps intermédiaires, sous le couvert d’un sabir juridique, masquant évidemment des intentions politiques, confisquent au peuple le droit de se prononcer sur des initiatives ayant obtenu les signatures. Cela donne, Cher Ami, un signal terrible dans la population. Celui de castes de copains et de coquins. La démocratie directe, très chère au cœur des Suisses, est un petit trésor fragile. On ne joue pas comme cela avec elle. Elle est un défi d’une partie du peuple (les initiants, ceux qui bravent la pluie et le froid dans les récoltes de signatures), lancé au peuple tout entier, le démos, le corps électoral de l’ensemble des citoyens. Un défi du peuple au peuple ! Moins les corps intermédiaires s’en occuperont, mieux notre démocratie se portera. Les spectacles d’invalidations, ou de tentatives d’invalidations, donnés ces derniers temps à Genève, avec au premier rang le PLR, sont pitoyables. Puisse le corps électoral, l’automne prochain, s’en souvenir.

 

Pascal Décaillet

 

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