Sur le vif - Samedi 06.10.12 - 09.22h
Non, non et non. La « bourde » de la chancellerie genevoise ne peut se ramener, avec le sourire, à une Genferei de plus. C’est un acte grave : il a peut-être, sans doute même, empêché le peuple suisse de se prononcer sur les accords fiscaux, notamment celui, si crucial et si disputé, avec l’Allemagne. Un communiqué de la chancellerie, non signé (qui en est le véritable auteur ?), envoyé hier après-midi aux rédactions, ne peut en aucun cas tenir lieu d’épilogue. Ni le mot « bourde », conclure l’affaire, qui serait ainsi versée au menu des Revues de fin d’année, histoire de faire bien rire le bourgeois, en attendant le champagne et les huîtres.
Si vraiment, avec les signatures genevoises, le nombre de signatures valables atteint ou dépasse les 50'000 nécessaires à un référendum, alors le peuple doit voter sur ces accords. Qu’il les accepte, qu’il les refuse, qu’il fasse ce qu’il veut, mais qu’il se prononce. Dans le cas contraire, l’ombre du doute s’installera pour longtemps. La « bourde » genevoise en est-elle vraiment une ? Négligence, ou intention ? On va actionner des fusibles, désigner des lampistes ? Le communiqué d’hier, qui en est l’auteur ? La chancellerie, qui la dirige ?
Je n’accepte pas, pour ma part, que l’on cantonne cette affaire dans le registre du vaudeville. Elle vient s’ajouter à d’autres, ici les funérailles d’un évêque, là le candidat Christophe Lüscher, sans compter les enveloppes de vote qui arrivent de plus en plus tard. Il y a un moment où le politique doit répondre : trop facile de sanctionner un fonctionnaire intermédiaire pour négligence, ou distraction. Car enfin, dans le cas d’espèce, et quoi que pense chacun de nous des accords avec l’Allemagne, c’est le peuple suisse tout entier qu’on prive de parole. Sous d’autres cieux, moins protégés, on rend son tablier pour moins que ça.
Mais ici, les cieux sont protégés. L’ordre règne. Et le silence est d’or.
Pascal Décaillet