Sur le vif - Samedi 03.12.11 - 14.39h
C'est un homme profondément aimable et d'une rare culture qui s'apprête à faire son entrée, en remplacement d'Olivier Jornot, au Grand Conseil. Pierre Ronget a 67 ans, et ça n'est sans doute pas à cet âge qu'il s'apprête à « entamer une carrière de dictateur ». Membre de l'exécutif de Vernier, la deuxième ville du canton de Genève, il s'était fait quelques ennemis, ce printemps, à l'intérieur de son parti, pour avoir pactisé avec la gauche, histoire de barrer la route au MCG. On apprécie ou non. Mais une chose est sûre : il serait infiniment dommage de réduire Pierre Ronget à cet épisode où peut-être, en effet, le déterminisme de la finalité l'a emporté sur le noyau dur de l'idéologie.
Je connais Pierre Ronget depuis plus de trois décennies, et de très chaleureux souvenirs liés à la langue grecque, la liturgie orthodoxe (l'une de ses passions), la musique, me lient à lui. Il est un ou deux domaines où nul, à Genève, ne me semble pouvoir rivaliser avec ce doux érudit, libéral par la passion de l'humain, en aucun cas par affairisme, mot d'ailleurs injustement étiqueté à Olivier Jornot. Il ne faut vraiment rien connaître à la grande Histoire de la droite, ou plutôt des droites, dans nos pays (France, Suisse romande, Italie), pour confondre celle de l'Argent, qui n'est d'ailleurs pas scélérate à tout prix, avec celle des valeurs esthétiques et morales.
Donc, le Grand Conseil genevois va s'enrichir d'un homme aux multiples inflexions culturelles, avec un champ de références ouvert. Cet humaniste, qui dirige un chœur liturgique à l'Eglise orthodoxe, porte le beau titre d'archonte. Ses compétences, ses capacités d'écoute et d'intelligence, il saura très vite, j'en suis sûr, les montrer à ses 99 collègues. Quant à la dimension du savoir et des références, disons que nous passerons de Quinte-Curce à Byzance. Ça n'est pas tous les jours qu'on a ce privilège.
Pascal Décaillet