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Pierre-Yves Maillard, évidemment

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 30.11.11

 

J'ai rédigé ici même, pour le Nouvelliste, il y a des années, une chronique intitulée : « Pierre-Yves Maillard, le meilleur de tous ». Longtemps après, je n'en démords pas : au-delà des positions idéologiques, la Suisse tient, avec cet homme-là, une très grande chance. Un homme de tempérament. Un homme de courage. Une puissance de travail. Une clarté de stratégie et d'engagement. La possibilité d'un nouveau Delamuraz. A l'époque des souris grises, des Burkhalter et des Schneider-Ammann, c'est une occasion très rare. Le Parlement, le 14 décembre, saura-t-il la saisir ?

 

Avant de parler de Maillard, un mot du tandem retenu par les socialistes : ticket de rêve ! Jamais, dans l'Histoire, depuis Ernst Nobs, le premier socialiste conseiller fédéral en 1943, ce parti ne nous a offert un duo aussi lumineux. Berset le brillant, Maillard le fonceur, Berset le cérébral, Maillard l'instinctif, Berset le négociateur, Maillard le frontal. Deux hommes d'une rare valeur, un ticket d'une exceptionnelle complémentarité. Je plaide ici pour Maillard, parce que je crois en son étoile depuis toujours, mais pourrais très bien vivre avec Berset, vous l'avez compris.

 

Surtout, revoilà des hommes qui nous font un peu rêver. Revoilà un parti socialiste qui, pour la première fois depuis très longtemps, recommence à nous donner envie de croire en l'un des siens. Ce parti a donné à la Suisse de grands conseillers fédéraux, on pense évidemment à Tschudi, il nous offre l'occasion de renouer avec ce standard. A côté de l'arrivée d'un Berset ou d'un Maillard aux affaires, la question de la réélection de Mme Widmer-Schlumpf, qui tétanise mes confrères, m'apparaît d'un intérêt bien mineur.

 

Maintenant, Maillard. Pourquoi lui ? Mais enfin, regardez-le ! C'est un Couchepin de gauche ! Un attaquant. Tronche. Tête de lard. Insupportable. Très exactement les ingrédients pour être un chef. Seul contre tous, alors que son parti s'égarait dans un blairisme illisible, incarné en Suisse par la lunaire irréalité d'un Moritz Leuenberger, Maillard ferraillait à propos du marché de l'électricité. Seul, il affrontait les snobinards de salon de son propre parti. Un jour, à Infrarouge, il a même attaqué Couchepin, enfin deux hommes, unis dans l'odeur de la poudre et un respect mutuel qui n'est pas celui des fatigués, mais des combattants.

 

Et moi, qui ne suis pas socialiste, je préfère mille fois être représenté par un type opposé à mes opinions, mais avec une puissance de conviction et de caractère, que par un gentil administrateur de haut niveau, style Burkhalter, qui ne provoque en moi ni désir ni envie, ni projection sur l'avenir, ni envie de mordre le destin. Le temps des souris grises est révolu. Pour affronter les défis qui nous attendent, la Suisse a besoin de trempes. Il se trouve que Pierre-Yves Maillard en est une. Le pays aurait grandement tort de s'en passer.

 

Pascal Décaillet

 

 

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