Sur le vif - Dimanche 16.10.11 - 09.25h
Les récentes coupes dans la Culture, à la Commission du Municipal, à Genève, appellent quelques remarques.
D'abord, l'essentiel : aujourd'hui, quels que soient les efforts de certains privés, l'apport bienvenu du partenariat mixte, la générosité de certains mécènes, toutes choses sur lesquelles il serait stupide de cracher, il faut reconnaître que sans les fonds publics, donc l'argent du contribuable, la Culture ne parvient pas à survivre. À Genève, il se trouve, historiquement, que cette mission incombe à la Ville. Parlons donc, ici, de la Ville.
La Culture est évidemment un poste très lourd dans le budget municipal. À ceux qui ne veulent rien toucher, rien changer, il faut rappeler que nous sommes en République. Il ne saurait, à la base, exister de tabous. Les élus municipaux ont le droit de remettre en cause les acquis, telle subvention à tel improbable festival, par exemple. Ils sont là pour faire des choix, non pour faire plaisir à tout le monde, histoire de se ménager les meilleures relations possibles, mondaines et clientélistes. Gouverner, c'est choisir, a dit le seul homme d'Etat de la Quatrième République, Pierre Mendès France.
Reste à bien choisir. Et c'est là que le bât blesse, dans les récentes coupes envisagées en commission. Disons-le, elles suintent la vengeance. Le règlement de comptes. Le signal, pour l'exemple. La volonté de montrer à la gauche qu'on peut construire une majorité sans elle. Bref, on fait de la politicaillerie sur le dos des artistes. C'est-à-dire, sur le dos de l'une des catégories professionnelles (pensons au théâtre) déjà les plus fragilisées par les récentes dispositions fédérales sur le chômage. Et là, ça n'est plus de la politique de droite contre une politique de gauche, c'est le triomphe du sécateur sur la finesse du ciseau. Une décision bien peu adroite, et à vrai dire bien gauche.
C'est dommage. Parce que le quarteron de mousquetaires PDC-PLR qui a construit cette majorité-là vient de se comporter, non comme des opposants responsables, mais comme cette catégorie de promeneurs qu'ils semblent eux-mêmes déifier : des touristes.
Pascal Décaillet