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François Hollande : un espoir pour la France

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 10.08.11

 

La France n'a jamais aimé les parvenus. Ni les nouveaux riches, ni les spéculateurs, ni le cliquetis du bling bling. Pour ses chefs d'Etat, elle a toujours accordé sa faveur à des hommes capables de tenir à distance les forces de l'Argent. J'orthographie avec un grand A, empruntant à Péguy le titre de l'un de ses ouvrages les plus saisissants. La France, définitivement, n'est pas un pays libéral, malgré d'heureuses tentatives dans ce sens, par exemple sous le Second Empire. Sous la Cinquième République, elle a cru bon, à deux reprises, de confier son destin à la droite orléaniste du marché. Ce furent, en termes de tonalité et de stature présidentielles, deux échecs : relatif avec Giscard, cinglant avec Sarkozy.

 

L'ampleur de cette erreur de casting, les Français en tireront-ils les leçons au printemps 2012 ? Pas sûr ! Aujourd'hui en difficulté, le Président sortant peut se ressaisir, galvaniser son camp, retourner l'opinion, finalement conquérir un nouveau mandat. Et aujourd'hui, nul ne sait qui l'emportera dans neuf mois. Un homme, pourtant - je l'ai déjà écrit ici, et mon sentiment, au fil des jours, se renforce - impressionne par la qualité de sa campagne : François Hollande. Il y a, chez ce provincial de Corrèze, la tranquillité, la détermination de celui que rien n'altère, et qui creuse son sillon. Je ne dis pas qu'il sera élu, c'est beaucoup trop tôt, simplement il m'apparaît déjà, dans sa gestuelle et sa rhétorique, comme présidentiel.

 

Le François Hollande de 2011 me rappelle le Mitterrand de l'automne 1980, ou le Chirac de fin 1994. C'est un homme seul. L'Appareil veut sa peau. Il est l'homme à abattre. Fini, le patron du PS aux airs d'énarque un peu éteint, l'homme a vécu des revers, il a dû faire face, il a tenu, en est sorti grandi, transfiguré. Aujourd'hui, il ne doit rien à personne, développe un projet social qui n'a plus rien à voir avec le Plan des années 1981, un projet de solidarité moderne pour son pays. Socialiste, il incarne autant la France des campagnes que celle des villes, ne rejette pas le marché, veut simplement la justice. Il n'est pas l'homme de l'Internationale, ni même de la Rose. Non, juste un Français parmi les autres, à la rencontre du peuple.

 

Le rencontrera-t-il ? Il faudrait déjà que les socialistes, en octobre prochain, lui en confient le mandat. Ils seraient fous, à mon sens, de choisir une autre option. Et puis, pendant plus de six mois, il faudra que l'homme tienne le coup, au milieu d'attaques d'une violence inimaginable. Et puis, il y a tant d'inconnues : Marine Le Pen n'est pas la moindre. Nous verrons bien. Ce qui est sûr, c'est que la campagne de Hollande, comme celles de deux autres François, a déjà les atours d'une fière et lumineuse passion française. L'un de ses deux homonymes, hélas malheureux en 2007, s'appelait Bayrou. L'autre, prince inégalé de la politique, s'appelait Mitterrand.

 

Pascal Décaillet

 

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