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Oui à Cantat – Oui, surtout, à Loichemol !

 

Sur le vif - Mercredi 11.05.11 - 10.56h

 

A lire une certaine presse, ce matin, la saison 2011-2012 de la Comédie de Genève, la première d’Hervé Loichemol, se résumerait à des gros titres et des gémissements féministes autour de la présence, au spectacle d’ouverture, de Bertrand Cantat. C’est totalement regrettable. Parce que ça occulte le reste. Et le reste, quand on prend la peine de se pencher un peu sur le programme, c’est l’un des menus les plus alléchants proposés depuis des années, disons depuis les plus belles heures – les plus troublantes - de Claude Stratz.

 

D’abord, Cantat. Il a, certes, tué. Mais il a payé. Respect, évidemment, pour la famille, les proches, les amis, en premier lieu Jean-Louis Trintignant. Mais la logique des programmations artistiques n’a pas à se calquer sur celles du convenable, de la morale, ni des décisions judiciaires. Elle est d’un autre ordre, d’un autre monde. Elle n’a de comptes à rendre ni à l’ordre moral, ni (surtout) aux revendications communautaristes à la mode. Cela est valable pour l’œuvre de Genet, pour celle (bouleversante) de Koltès. Cela est aussi valable face à une éventuelle présence de Bertrand Cantat. Déroger à cette ouverture, c’est réduire l’œuvre d’art à un catalogue du réel, plié sur la doxa du moment. C’est tuer la création.

 

Reste l’essentiel. Le programme. D’une trilogie de Sophocle revisitée par Wajdi Mouawad au Livre XI des Confessions de Saint Augustin, éblouissement spirituel mis en œuvre théâtrale par Denis Guénoun,  en passant par une création de Manon Pulver, « A découvert », mise en scène par Daniel Wolf, ou encore le Tartuffe d’Eric Lacascade, il y a l’audace de présenter deux pièces de Lessing, dont « Les Juifs » que Loichemol vient de présenter à Ferney. Lessing, l’un des plus grands esprits du dix-huitième siècle allemand, homme total, dramaturge, fabuliste, philosophe, qui vaut beaucoup mieux que son rôle de passage obligé dans les premières années de « Germanistik » à l’Université.

 

Oui, Loichemol a fait des choix. Oui, le panel de cette saison 2011-2012 nous promène sur 2500 ans de théâtre, oui certains de ces textes vont nous remuer, nous provoquer, nous déranger. Beaucoup plus que le simple frisson, tellement facile et tellement réducteur, de s’indigner sur la présence de Bertrand Cantat.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

 

 

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