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Le risque de déplaire

 

Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 21.03.11

 

Pour se la couler douce, sans trop d’emmerdes, dans le monde éditorial genevois, il faut quoi ? Etre avec le pouvoir. Si votre ligne épouse, cahin-caha, celle du centre-droit gouvernemental, ou alors celle des Verts, bref la transversalité triomphante qui régit Genève, vous n’aurez jamais aucun problème. Il faut être, au fond, puissamment centriste, plutôt gauche ou plutôt droite, mais le dogme du Centre comme pivot ne doit pas être transgressé. C’est une forme de dictature du raisonnable. A l’Equerre et au Compas.

 

Si, au contraire, la représentation du monde qui est la vôtre, un quart de siècle de journalisme politique, l’univers de vos lectures, et près de quarante ans de passion pour l’Histoire, vous amènent, pour ce qui vous apparaît comme l’intérêt supérieur du pays, à déplacer un peu le curseur vers l’un des pôles, alors la bien pensance vous tombera dessus. Tel conseiller d’Etat, par spadassins interposés, vous attaquera. Tel patricien fatigué, doué pour la plume comme moi pour l’acrobatie de cirque, vous vomira ses aigreurs. Le microcosme sécrète ses vengeances. Petitement.

 

Prendre la plume, c’est pendre un risque. Celui de déplaire. Avoir des ennemis. Le chroniqueur, l’éditorialiste qui, par peur du conflit, ou pour ménager quelque sirupeuse amitié de cocktail, se dérobera à cette nécessité du risque, a rendez-vous avec l’inexistence. C’est son choix. Pas le mien.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

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