Edito du 7-8 - Radio Cité - Vendredi 05.09.08 - 07.05h
Le nom de Gabrielle Perret-Gentil vous dit-il quelque chose ? Moi, rien. Comme celui d’Emilie Gourd, d’ailleurs, avant qu’on ne lui donne le nom d’une école, ne me disait rien. C’est ainsi : la culture des grandes figures du féminisme ne fait pas partie de mes passions.
Gabrielle Perret-Gentil est, nous rappelle la Tribune de Genève de ce matin, une pionnière de l’avortement. Une précurseure, avec un « e » à la fin, je vous prie, du droit d’interruption de grossesse. Fort bien. La chose, en Suisse, a été légalement tranchée, elle a force de loi, le peuple souverain a voté, il n’est pas question de le contester.
Faut-il pour autant lui donner une rue ? La question divise, puisque le Conseil d’Etat vient de renvoyer sa copie à la Commission cantonale de nomenclature, qui avait pourtant émis un préavis favorable. Alors, côté féministe, on rugit, on vocifère. Rémy Pagani lui-même, du haut de sa hauteur, parle de scandale. Une mobilisation, ajoute la Tribune, s’organise pour que ce projet aboutisse.
La question, pourtant, mérite d’être posée. Et les autorités compétentes ont parfaitement le droit de prendre leur temps, quelles que soient les pressions communautaristes, dans cette affaire. L’avortement, en Suisse, est certes légal, dans certaines conditions. Mais il divise encore, et il convient de respecter ceux pour qui il continue de poser un problème. Bref, la figure d’une « pionnière », en l’espèce, n’apparaît pas comme la plus rassembleuse.
On peut donc comprendre que les autorités hésitent. Elles ont à prendre leur décision en toute sérénité, en toute souveraineté. Elles n’ont pas à se laisser impressionner par les revendications sectorielles, les hurlements, les clameurs. Le nom d’une rue, ça doit être quelque chose dans lequel tout le monde se reconnaît. Pas quelque chose qui divise.
Pascal Décaillet