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Le drapeau – Quel drapeau ?


Édito Lausanne FM – Mercredi 11.06.08 – 07.50h


Ils fleurissent, les drapeaux, sur les murs de nos villes. C’est le printemps des fanions et des couleurs : on croirait, sur certaines façades, quelque linge napolitain, à sécher. De l’endroit où j’écris ces lignes, ce matin, j’en aperçois des dizaines : portugais, mais aussi espagnols, turcs, et même tout simplement suisses.

Il fut un temps où le drapeau était chose sacrée. On retenait sa respiration, on hissait le pavillon, on s’emplissait l’âme de mille choses guerrières, il y avait comme une élévation sacrificielle, en défi au vent. En ce printemps 2008, on arbore le drapeau comme la couleur, au fond, d’une écurie. Quelque chose entre Ferrari et le Palio de Sienne. Ça n’est pas encore  exactement la privatisation de l’identité, mais on est déjà bien loin de l’appel mystique à la nation.

À voir ces drapeaux suisses et portugais, ou turcs et suisses, se jouxter sur le même balcon, on se dit qu’il y a là quelque chose de fort : l’affirmation que, pour le migrant, les identités, loin de s’annuler, s’ajoutent. Suisse d’origine turque, encore Turc et déjà Suisse : il n’y a là nulle trahison, juste le chemin naturel de celui qui quitte une terre pour aller s’installer dans une autre. Et cette conjugaison des identités est, justement, l’une des richesses majeures de notre pays.

Car la floraison la plus étonnante, depuis quelques années, ça n’est certainement pas celle des drapeaux pourtugais, ni turcs, ni français. Ce qui frappe le plus, c’est de voir éclore et s’épanouir, sans arrogance ni culpabilité, de façon décomplexée, un certain drapeau rouge à croix blanche qu’on avait longtemps cru réservé aux seuls fenêtres du 1er août. Cela a longtemps été méprisé. On nous avait même dit, en 1992, à Séville, que le pays en question n’existait pas. Cela s’appelle le drapeau suisse.

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