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Nidegger, l’homme qui monte



Édito Lausanne FM – Mardi 10.06.08 – 07.50h


Ceux qui traitent et connaissent la politique genevoise flairent son émergence depuis pas mal de temps, mais là, d’un coup, c’est la Suisse romande entière qui le découvre : Yves Nidegger, 51 ans, avocat, père de cinq enfants, conseiller national depuis quelques mois, est l’homme qui monte au sein de l’UDC.

Un homme bien à droite sur le fond, de la ligne blocherienne et s’en réclamant, tenant un discours fort proche de celui des quelques mousquetaires de la garde noire du tribun zurichois. Mais avec une forme, un rapport au verbe, une célérité de neurones, une qualité de répartie réellement à des milliers de lieues marines de ces tonalités prétoriennes pour les uns, ou franchement crotteuses pour d’autres, auxquelles le premier parti de Suisse nous a habitués.

Yves Nidegger est un homme parfaitement courtois, s’exprimant dans un français d’une rare qualité, avec clarté et précision, ne s’énervant jamais lorsque ses adversaires de gauche le couvrent d’insultes, restant fixé sur l’argument, qu’il aiguise au plus près, laissant l’autre, le socialiste vert de rage, ou le Vert rouge de colère, fulminer tout seul. Déconcertant : n’a-t-il pas été, avant-hier, le premier à faire perdre son latin à tel gourou de grand-messe satirique dominicale ? C’était leur Waterloo : ils attendaient un Fattebert, ce fut Nidegger.

Yves Nidegger est un homme de culture et d’humour, deux qualités qui n’apparaissent pas en toute première lecture chez ses adversaires de gauche en robe de bure, ayant déserté le terrain de la politique pour investir celui de la morale. Un homme qui reconnaît les défaites sans langue de bois, il l’a fait le dimanche 1er juin. Un homme, enfin, qui connaît ses dossiers par cœur.

Alors, les gens disent : « Parce qu’il a toutes ses qualités, Nidegger est dangereux ». Mais d’un socialiste qui aurait – hypothèse osée, j’en conviens – toutes les qualités rhétoriques et intellectuelles de la persuasion, on ne dit pas : « Il est dangereux ». Il est tellement plus aisé de faire frémir sur le fascisme putatif de l’homme que de l’affronter, sur la tonalité du logos, argument par argument, sans le diaboliser à chaque minute, dans un débat. Il faudra pourtant bien s’y faire et s’y frotter: Yves Nidegger est là pour un moment. La civilité de sa forme, alliée à ses compétences, pourraient bien en faire, au moins au plan de la Suisse romande, une figure incontournable de son parti, dans les années qui viennent.

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