Édito Lausanne FM – Mardi 22.01.08 – 07.50h
« Un Etat solide, ni plus ni moins ». C’est le nouveau slogan de Pascal Couchepin. Sept mots qui méritent réflexion.
Tout d’abord, il est heureux qu’un radical ait pour souci de s’intéresser à l’Etat. En Suisse, ce sont les radicaux qui, les tout premiers, ont jeté les bases de l’Etat moderne. Ce sont eux, avec d’autres mais plus que tous les autres, qui, jusqu’à une époque récente, ont fait la Suisse. Avec les catholiques-conservateurs, qu’on appelle aujourd’hui démocrates-chrétiens, depuis la réconciliation de 1891. Avec les socialistes, depuis leur arrivée au Conseil fédéral, en 1943. Avec l’UDC. Et désormais avec les Verts.
Il était donc étonnant – pour user d’un mot poli – que le slogan « Moins d’Etat », libéral, si ce n’est libertaire, avant que d’être radical, émanât, dans les années 80, de ce grand vieux parti nourri de pensée institutionnelle, autant que de passion pour l’économie.
« Un Etat solide, ni plus ni moins », Pascal Couchepin le décline sur quatre grands axes : la sécurité (qu’il tient, comme le PDC désormais aussi, à placer en premier, preuve que certains partants auront au moins laissé leur trace) ; l’instruction publique, la solidarité sociale, l’environnement.
On pourrait appeler cela un socle régalien. L’essentiel, le noyau dur des tâches de l’Etat. On remarquera que n’y figurent ni le monopole des messageries, qu’on appelle Poste, ni celui des télécommunications, ni, tiens, celui de l’audiovisuel. On notera aussi l’importance majeure de la formation, tous degrés confondus, dont le président de la Confédération exclut qu’elle soit gérée par le privé, comme le préconisait l’hallucinant « Livre blanc » de certains surexcités de l’ultralibéralisme, il y a une dizaine d’années.
« Un Etat solide, ni plus ni moins » : on dirait que les radicaux, après l’ère tortueuse du flou, du complexe et de l’illisible, ont réappris à parler simplement. Avec force et clarté. Comme le faisait, comme le fait encore à l’extérieur, un certain partant qui, décidément, dans l’ordre de la communication politique, aura laissé pas mal de traces, et pour longtemps.