Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Moutinot, Ramadan, la République



Édito Lausanne FM – Jeudi 17.01.08 – 07.50h



« Un enseignant doit respecter les valeurs de la République. Or, l’encouragement à la lapidation ne fait pas partie des valeurs de la République ». C’est la phrase, imparable, que vient de prononcer le conseiller d’Etat genevois Laurent Moutinot, sur les ondes de la Radio Suisse Romande, dans le cadre de l’affaire Hani Ramadan.

Imparable, parce que tout le monde, à juste titre, doit condamner cette horreur. Qui d’entre nous aurait l’idée d’aller défendre l’idée de lapidation ? Sur le cas précis, au demeurant réglé par un accord financier, rien à dire.

Rien, si ce n’est que, si j’étais enseignant à Genève, je solliciterais de Monsieur Moutinot quelques éclaircissements sur le champ exact de ce qu’il appelle « les valeurs de la République ». Pour la lapidation, d’accord. Pour condamner l’appel au meurtre, l’appel à la haine, d’accord. Ces principes, avant que d’en appeler aux « valeurs de la République », relèvent d’un document très intéressant, bien plus concret et mesurable, qui s’appelle le Code pénal. Un enseignant, en effet, comme tout citoyen, doit respecter le Code pénal.

Mais au-delà de la loi, qui définira les « valeurs de la République » ? Monsieur Moutinot ? Un collège d’experts ? La pensée dominante ? Une Commission des Evidences ? Les ligues des Droits de l’Homme ? Une église, une chapelle ?

Un enseignant est un fonctionnaire de l’Etat. A ce titre, il doit certes se plier à certaines règles. Mais un enseignant est aussi un homme ou une femme pour qui la liberté individuelle de penser est un moteur capital de l’existence. Peut-être pas jusqu’à la lapidation, admettons-le, le cas est tellement extrême. Mais, pour le reste, j’espère bien qu’on puisse continuer d’avoir, dans nos écoles, des gens de gauche ou de droite, croyants ou athées, voltairiens, sartiens, tocquevilliens, socialistes ou libéraux, de doutes ou de certitudes mêlées.

La première valeur de la République, n’est-ce pas justement de parier sur l’aventure intellectuelle individuelle, le chemin de vie personnel, de ces personnes qui font sans doute le plus beau métier du monde : éveiller nos enfants aux lumineux mystères de la connaissance humaine ?

Les commentaires sont fermés.