Chronique parue dans la Tribune de Genève du lundi 05.11.07
Élection partielle
Ce qui m’a le plus frappé, de retour sur la place genevoise après de longues années de politique fédérale, c’est la surprotection dont semblait jouir Robert Cramer de la part de l’univers entier : politiciens, y compris la droite, journalistes, et même les humoristes, ne brocardant, tout au plus, que son goût pour, disons, le terroir.
Là, j’ai cru saisir que les choses étaient un peu en train de changer. Alors, j’ai passé mon week-end à sonder la droite pour voir qui, attiré par l’éventualité, à vrai dire bien improbable, d’une élection partielle, engouffrerait son destin dans cette aubaine. Et, à ma grande surprise, nos héros de l’Entente, à commencer par les plus vifs lorsqu’il s’agit de planter quelques banderilles sur des affaires de tram ou de régies, ne voyaient strictement aucune urgence à se lancer dans l’aventure d’un scrutin anticipé.
Alors, quoi ? L’homme, décidément trop fort, les aurait-il tous anesthésiés, comme il a gentiment chloroformé, hier soir, 18.15h, les auditeurs de la RSR ? Ou plutôt, les actuels caciques de l’Entente auraient-ils à ce point étouffé toute relève ? Il y a portant des gens pour reprendre le flambeau. Le courageux radical Thomas Buechi, parmi quelques autres, en fait partie.
À vrai dire, Robert Cramer n’a rien à se reprocher. Il a parfaitement raison d’user de toutes les ressources dont-il dispose, la ruse, la malice et le charme. Et quand on a, face à soi, une droite aussi apeurée qu’elle est belle parleuse, on aurait tort de se gêner.
Pascal Décaillet