Chronique parue dans la Tribune de Genève du 01.11.07
Il aime la cuisine, passionnément, et aussi la politique. Pour autant, il affirme détester la cuisine politique, mais, aussitôt, son nez s’allonge, tant il excelle dans les concoctions d’officine. Ueli Leuenberger, 55 ans, candidat genevois à la présidence nationale des Verts, est l’un des hommes qui montent sous la Coupole fédérale.
Il y a le politique, il y a l’homme. Le premier, venu de la gauche dure, dont il n’est au fond jamais sorti, est aussi Vert que je suis Javanais. Le second, aimable, cordial, sachant composer avec l’adversaire, se révèle beaucoup plus suisse, dans la pratique, que la dureté de son idéologie. Cet homme complexe est tissé de contrastes. C’est une partie de son charme.
Une origine modeste, une enfance dans la campagne bernoise, des débuts à la Spirou, comme groom dans un hôtel lucernois, une volonté de fer, un parcours de vie qu’il ne doit qu’à lui-même, et qui fait plaisir à voir. Au fond, jusqu’à cette récente déclaration de succession à Ruth Genner, ce cuisiner raffiné, spécialiste de la morue au cidre, avançait plutôt caché, laissant chauffer, à petit feu, son ambition.
Là, il se lance. Il aura contre lui beaucoup de monde, à commencer par la frange féministe du parti. Mais peu importe. Il a raison de se plonger dans cette bataille. Habile, bilingue, passionné, il donnerait à ce parti, trop éparpillé dans un fédéralisme d’un autre âge, l’ossature et la cohérence nationales qui lui font encore défaut. Oui, franchement, Ueli Leuenberger ferait un excellent président.
Pascal Décaillet