Chronique parue dans la Tribune de Genève du 25.10.07
Je ne partage, et elle le sait très bien, à peu près aucune des options politiques de Liliane Maury Pasquier. Elle est socialiste. Je ne le suis pas. Elle est féministe. Je ne le suis guère. Elle croit au progrès, moi pas. Elle confond l’accent grave avec l’aigu, et j’aime la précision sonore.
Seulement voilà, malgré ces différences, avec lesquelles on peut vivre, c’est une femme que je respecte pour la qualité et la sincérité de son engagement au service du pays. Elle est l’antipode de cette gauche caviar, ou d’esturgeons hallucinés, qui se délecte de Zola à l’arrière d’une Porsche Cayenne. Son idéal social, elle ne se contente pas de le rêver, elle le vit, par l’exemple.
Dans ces conditions, comment ne pas être écœuré par le soupçon que d’aucuns, dans l’affaire de ce don de rein qui ne se fera finalement pas, tentent de laisser planer dans la République ? Imaginer, ne serait-ce qu’une seule seconde, que l’ancienne présidente du National ait pu tenter un coup marketing, n’est pas digne de notre débat politique. C’est sous la barre, sous la ceinture, tout simplement.
Je suis totalement partisan d’un monde éditorial où les journalistes puissent attaquer de front les politiques, et sans cadeau. Mais dans les yeux, et dans l’honneur. Sur des questions de fond. La dureté, la virulence, oui, l’impertinence, et jusqu’au blasphème. Mais la bassesse, non. La nouvelle conseillère aux Etats, brillamment élue par le peuple, ne mérite tout simplement pas cela.
Pascal Décaillet