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Liberté - Page 1219

  • Le "consensus", ou la permanence des privilèges

     

    Sur le vif - Samedi 17.12.11 - 11.39h

     

    A Genève, la fin de législature verra se cristalliser ce qui a commencé il y a deux ans: une majorité de pouvoir (PLR, PDC, Verts), qui saura faire front, pour sauvegarder ses prébendes, sur tous les enjeux stratégiques, comme les questions budgétaires. Une opposition des Marges (UDC, MCG, PS, sans compter l'extrême gauche qui, forte de 14%, n'est pas représentée au parlement pour causes de divisions internes).

     

    Il y a donc bel et bien un pouvoir, avec ses séides, ses complices, ses courtisans, ses laquais, ses réseaux de copains. Et une opposition. Ou des oppositions. Et si, sur certains points stratégiques précis, elles se coalisaient? Leur capacité à se mettre en commun pour attaquer sera l'un des enjeux de fin 2013.

     

    Reste un petit exercice de traduction: lorsque les tenants du pouvoir vous disent "culture du consensus", il faut entendre "On se tient par la barbichette, aussi éloignées soient nos idéologies (cf libéraux et Verts!), pour rester le plus longtemps possible dans les arcanes de la puissance. Celle qui détient le pouvoit de nommer, copiner, dominer".

     

    C'est valable à Genève. Ca l'est, encore plus, à Berne. Nous y reviendrons.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Et un gentil Neuchâtelois au DFAE, un !

     

    Sur le vif - Vendredi 16.12.11 - 14.11h

     

    C'est fait. Didier Burkhalter quitte le Département fédéral de l'Intérieur, où il faudra se chausser de lunettes remboursées pour dénicher un début de bilan après deux ans, et passe aux Affaires étrangères. Alain Berset, le nouveau venu, hérite, immédiatement en arrivant, de l'un des ministères les plus lourds, mais aussi les plus concernants pour la population, le Département fédéral de l'Intérieur. Personne, depuis vingt ans, n'y a vraiment réussi : ni Flavio Cotti, ni Ruth Dreifuss, ni Pascal Couchepin, ni justement M. Burkhalter.

     

    C'est un sacré défi pour le Fribourgeois : ça passe, ou ça casse. A son avantage, on dira que l'opinion publique suisse en a plus que marre de la sacro-sainte concurrence entre les caisses, qui s'est avérée une catastrophe, et réclame un retour de l'Etat. Ce sera justement l'enjeu de l'initiative sur la caisse publique, qu'Alain Berset, de son poste ministériel, devra gérer.

     

    Pour le reste, espérons que les Affaires étrangères, qui furent menées de façon active et dynamique (qu'on partage ou non ses choix) par Micheline Calmy-Rey, ne deviennent pas, en Suisse, le Département où l'on roupille. Il ne suffit pas d'être impeccablement habillé, convenable avec tous, soucieux de ne rien déranger, ni personne, pour s'imposer. A cet égard, espérons que nous n'aurons pas à regretter l'ombrageux courage de la dame de Chermignon.

     

    On notera enfin, sans vouloir ethniciser l'affaire, un singulier hasard depuis la guerre : c'est le cinquième Neuchâtelois appelé à diriger la diplomatie suisse. Certains d'entre eux, comme Max Petitpierre, furent parmi nos grands conseillers fédéraux. Il y eut aussi Pierre Graber, Pierre Aubert et René Felber. D'une manière générale, pour réussir en Suisse, mieux vaut être un Neuchâtelois consensuel qu'un Vaudois rougeaud, colérique et impétueux. Fût-il génial. Mais le génie, chez nous, c'est juste bon pour les alpages.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'ordre règne à Berne

     

    Sur le vif - Mercredi 14.12.11 - 17.22h

     

    Ce commentaire va peut-être un peu détonner dans le concert de louanges face à l'élection de ce matin, et d'avance je prie les âmes sensibles de bien vouloir me le pardonner.

     

    Depuis plus de vingt ans, déjà lorsque j'étais correspondant parlementaire à Berne, je plaide pour l'élection du Conseil fédéral au suffrage universel. Quatre millions d'électeurs potentiels, évidemment bien informés, et même deux millions pour une participation à 50%, ou même un million six cent mille pour une participation à 40%, me semblent ancrer davantage de légitimité que la combinazione de 246 parlementaires. Cette position qui est mienne, la pantalonnade de ce matin n'a fait que la renforcer.

     

    L'ordre règne à Berne. Vous pouvez circuler, il n'y a plus rien à voir. L'emmerdeur, le dérangeur, le vilain petit canard, on la enfoui, bien profond, sous le tas de fumier. On fait comme s'il était mort. Comme si le cauchemar était fini. Comme si on allait enfin pouvoir revivre l'âge d'or des vertes années, les années d'avant le 6 décembre 1992, avant le phénomène de l'UDC blocherienne. Enfin, entre gens convenables ! Comme avant. Comme à l'époque, follement excitante, des Cotti et des Koller, des coteries sans colère. Entre soi !

     

    Un certain parti, le 23 octobre dernier, a obtenu 26% des voix. C'est loin devant le deuxième (20%), très loin devant le troisième (14%), à quelques années-lumière du quatrième (12%). On parle de concordance. On prétend, mensongèrement, qu'on lui reconnaît son droit à deux sièges. Par derrière, de façon programmée, préméditée, construite, on ourdit pour qu'il n'en soit rien. Et la coalition des perdants du 23 octobre, PLR et PDC, s'arrange pour que les siens soient reconduits, la seule chose qui compte pour eux, le tout sous couvert de morale, comme le 12 décembre 2007. Et les naïfs y croient ! Et le résultat, c'est que le premier parti du pays (26%) n'a plus qu'un conseiller fédéral, alors que le troisième (14%) continue d'en avoir deux, au demeurant deux ministres sans puissance, ni vision, ni format.

     

    Une fois de plus, c'est son propre crédit de grand électeur que le parlement affaiblit. L'opinion publique n'est pas dupe. Et le jour où elle devra se prononcer sur l'élection du Conseil fédéral par le peuple, elle saura se souvenir de ce mercredi 14 décembre 2011.

     

    Pascal Décaillet