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  • Devenir Suisse

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.04.21

     

    Vouloir le vote des étrangers, c'est avoir une conception flasque, approximative, du périmètre de l'Etat, et de celui d’appartenance nationale. On a la nationalité, ou on ne n'a pas. Si on l'a, on vote. Si on ne l'a pas, on ne vote pas. Si on veut l'acquérir, on postule à la naturalisation.


    Cette dernière doit être accessible à tous, mais claire quant à ses exigences. Il faut montrer un intérêt très vif pour le pays dont on demande le passeport. Il faut connaître son Histoire, et de grâce pas seulement les récits mythiques du treizième siècle, mais la vraie Histoire suisse, celle de 1798, 1848, 1919, nos institutions, nos grandes figures. Il faut connaître tout cela en profondeur.

     

    Le candidat ne doit pas être jugé comme un singe savant, peu importe s'il bute sur une date. Ce qu'il faut, c'est dégager la puissance de passion qu'il installe dans sa volonté d'être Suisse, le reste vient après. Notre Histoire. Il doit la connaître dans ses grandes lames de fond, et non en laborieux pointilliste ayant appris par cœur des repères.

     

    Tout cela exige une chose. C’est que les examinateurs, eux aussi, soient dotés intellectuellement de ce bagage. Et soient capables de faire la différence entre une Histoire suisse comprise, et la tristesse d’un bachotage que l’on recrache. On souhaite à tous les candidats de réussir l’examen, il faut se montrer ouvert, humain, et non pinailleur sur un détail relatif à Sempach ou Morgarten. On leur souhaite de réussir. On se réjouit de les accueillir. Et là, oui, ils pourront voter.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La guerre des mots sera sans pitié

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.04.21

     

    « Pacification ». C’est le mot utilisé par les Verts, à Genève, quand ils s’expriment sur l’avenir de la mobilité en Ville. Le mot est doux, il contient la paix, la douceur d’un monde meilleur. Les Verts ne sont pas des guerriers. Ils veulent notre bonheur. Ce qu’ils appellent « pacification », en mobilité urbaine, c’est tout simplement la victoire totale de leur vision, à eux. Pistes cyclables, rues piétonnes, priorité absolue aux transports publics, voitures chassées du centre-ville. Pour une bonne partie des Genevois, les habitants de la Ville, les livreurs, les travailleurs, les petits entrepreneurs, cette éradication du trafic motorisé est la promesse d’une grande violence à leur égard, peut-même un acte de guerre. Mais les Verts disent « pacification ». Ils tentent d’imposer leurs mots, leur langage, leurs euphémismes. Ils adoucissent les vocables, pour atténuer la part d’agressivité du concept. Car ce qui, pour les uns, constituera le Paradis de la mobilité future, sera hélas perçu par d’autres comme un Enfer. Alors, pour préparer le terrain, on enjolive les mots.

     

    C’est un exemple, parmi tant d’autres. Les Verts déboulent dans notre espace sémantique et sonore avec une batterie de mots, qu’ils glissent partout, et tentent de rendre courants : « transition énergétique », « urgence climatique », « transfert modal ». Ils arrivent avec leur vocabulaire, dans leur sac à dos. Ils entendent non seulement triompher politiquement (on ne saurait le reprocher à un parti), mais refonder notre rapport au langage. Ils aspirent à prendre pied dans nos cerveaux, coloniser notre vocabulaire, imposer quelques mots-clefs, qui sont ceux de leur propagande. Ils débarquent avec leur liturgie, leur latin d’Eglise. Et nous ? Nous sommes les indigènes de leur nouveau monde, les sauvages qu’ils vont éradiquer de leurs archaïsmes. Pour notre bien, ils vont nous inculquer le vocabulaire de la rédemption.

     

    Et les Verts sont encore bien doux. A côté, par exemple, des partisans du langage inclusif, cette poisse noire, pesante, collée aux ailes de la langue française. De partout, on tente de nous l’imposer. Partout, je l’affirme, il faut résister. C’est la beauté de notre langue qui est en cause, sa capacité à l’envol, sa grâce, sa légèreté. Sa lisibilité, aussi, qui doit offrir au lecteur, à l’auditeur, un champ ouvert, accueillant à toute semaison, plutôt qu’un fatras d’obstacles. Nous sommes enfants de la langue, elle est notre mère, bienveillante et nourricière, à l’image de ces madones, qui nous sourient, sur le contour d’un sentier de montagne. Défendons notre langue, ne la laissons pas salir, surcharger, par des idéologues incapables de saisir la puissance musicale d’une syllabe, la richesse de répit d’un soupir. Ils nous ont déclaré la guerre de la langue. Eh bien, menons-la ! Si nous cédons sur ce point, alors nous aurons tout perdu. Les mots sont beaucoup plus que des outils. Ils sont les feux sacrés de nos âmes. Sur ces valeurs-là, désolé, on ne transige pas. On se bat.

     

    Pascal Décaillet

  • Über Brecht als Dichter - Meine persönliche Empfindung

     
    *** "Distanzierung" ? Ja, natürlich ! Aber vor allem ein Dichter. Ein Zauberer der Sprache. In Brecht's Texten singt eine unvergleichbare Musik. Mein Verhältnis mit diesem ungeheurem Schrifsteller.***
     
    Ostermontag, den 05. April 2021. 16.06h.
     
     
    Überall seit meiner Kindheit höre ich Bertolt Brecht fast exclusiv als Dramaturg bezeichnet, was er natürlich im höchsten Punkt war. Überall "Dramaturg", und immer mit diesem Leitmotiv : "Distanzierug". Was auch genau ist.
     
    Seit der Kindheit - oder Ende Kindheit - habe ich trotzdem persönlich eine ganz andere Empfindung von diesem unvergleichbaren Autor. Für mich ist Brecht zuerst ein Dichter. Ein Zauberer der Sprache. Ein Worterfinder. Ich habe natürlich unzahlbare Stücke von Brecht auf der Bühne gesehen. Aber ich habe vor allem das Werk von BB gelesen, und nochmals gelesen, und immer noch gelesen. Und gehört ! Mit der Musik von Kurt Weill.
     
    Ich bin normalerweise kein Theaterleser, nur Zuschauer. Aber nicht im Falle von Bertolt Brecht ! Und auch nicht im Falle von Jean Racine. Warum ? In diesen beiden Beispielen schenkt uns der Text - der Text allein ! - etwas unsagbares zu hören. Ich lese Brecht immer mit lauter Stimme, wie für jeden Dichter, und wie (zum Beispiel) die deutsche Übersetzung der Bibel durch Martin Luther. Brecht's Antigone, über die ich vor vierzig Jahren gearbeitet hatte (im Vergleich mit Sophokles), ist wie eine Musik geschrieben : die Spezialisten können sogar etwas schwäbisches wiedererkennen, wie eine Spur von Brecht's entfernten Kindheit.
     
    Gegen mächtige Dramaturgentheorien über "Distanzierung" habe ich überhaupt nichts. Bin aber kein Thetarfachmann ! Nur ein gespannter Leser, verliebt in die Dichtung und in die deutsche Sprache.
     
    Beste Grüsse an alle deutschsprachigen Leser !
     
     
    Pascal Décaillet