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  • Envoyons les meilleurs !

     

    Commentaire publié dans GHI - 01.04.15

     

    45 communes, une dizaine de partis cantonaux, des ententes communales, des indépendants, des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes : il y en a pour tous les goûts. Il appartient à chacun d’entre nous de se décider en conscience. Le candidat idéal, ou la candidate, existe pourtant. Tous partis confondus, commençons par voter pour ceux qui ont férocement envie d’exercer la fonction. Ceux que nous avons vus sur le terrain, sur les stands, qui nous ont allumés, excédés peut-être, mais dont on sent qu’ils sont habités par le démon politique. Sans cette passion, viscérale, rien n’est possible. Pour convaincre les autres, il faut commencer par y croire soi-même.

     

    Car le chemin est rude. Toutes ces centaines de candidats aux Conseils municipaux (délibératifs), quel sera leur destin, s’ils sont élus ? Eh bien, siéger, ma foi ! Se pencher sur des sujets concrets, qui à la plupart d’entre nous paraissent horriblement fastidieux. C’est le début de « l’exercice de l’Etat » : il y faut de l’abnégation, de la discipline, du dévouement à l’intérêt public. Oui, les élus municipaux méritent respect et reconnaissance. Par délégation, ils assument des tâches que les citoyens sont bien contents de leur refiler, Et s’il est un échelon où la démocratie « représentative » mérite son nom et sa grandeur, c’est bien celui de la commune. C’est là, dans notre pays, que tout commence. La commune est plus ancienne que les cantons, ne parlons pas de l’Etat fédéral (1848). Elle est le début et la source de toute citoyenneté. Tous partis confondus, pour la servir, envoyons les meilleurs.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les communes : écoutons-les !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.04.15

     

    Lancy, Carouge, Onex, Vernier, Meyrin : dans ces cinq villes (en attendant, jeudi 2 avril, la Ville de Genève), j’ai eu l’occasion, ces dernières semaines, d’animer des émissions spéciales, en direct de bistrots, à l’heure de l’apéro, avec tous les candidats aux Conseils administratifs (exécutifs), les 19 avril et 10 mai prochains. Passionnante expérience, surtout les moments passés, après l’antenne, à discuter avec la foule, venue assister aux débats. Il faut toujours parler avec les gens : non seulement on y apprend une multitude de choses, mais on y capte la température. Dans ces cinq principales communes suburbaines genevoises, j’ai pu dégager les préoccupations principales de la population. L’emploi, priorité absolue, loin devant les autres. Mais aussi, bien sûr, le logement. Le pouvoir d’achat. L’efficacité de la formation. Assurément, les querelles politiciennes, savoir qui est président de tel ou tel parti, n’arrivent qu’à des kilomètres derrière.

     

    L’emploi. Les Verniolans, les Lancéens, les Onésiens, les Meyrinois, les Carougeois ne parlent que de cela. Ceux qui n’en ont pas rêvent d’en trouver un. Les autres, de le garder. Je n’ai entendu aucun chômeur désireux de s’éterniser dans sa situation : les gens, à Genève, veulent travailler. Ils veulent cette dignité, majeure dans nos sociétés, qui stipule qu’on gagne sa vie par soi-même, via un salaire. Ou, beaucoup plus dur, et à ne conseiller qu’aux super-battants : en travaillant comme entrepreneur indépendant, sans salaire, sans garantie, en assumant soi-même les assurances sociales, toute l’aventure pouvant s’écrouler à tout moment. Mais il s’agit là d’une catégorie hyper-minoritaire, ne vous y lancez pas comme des têtes brûlées : il faut, dans son domaine, des années d’expérience, de savoir-faire et de réseau. Et sans doute aussi un brin de folie.

     

    Vernier, Meyrin, etc. : les gens veulent travailler dans le canton de Genève, et vivre dans leur commune. A Meyrin, par exemple, on rêve de pouvoir habiter aux Vergers, ce futur quartier où vont s’ériger des immeubles. On aime sa commune, son identité, son Histoire : c’est là qu’on veut vivre, et pas seulement pour y dormir. L’une des phrases les plus fortes a été prononcée le 19 mars à Vernier par Stéphane Valente, candidat UDC à l’exécutif : « Construisons la Ville – et pas seulement la Commune – de Vernier ! ». Ville, cela signifie lien social, culturel, identité commune, toutes choses que le Maire sortant, Thierry Apothéloz, l’un des élus socialistes demeurés proches du peuple, a d’ailleurs parfaitement comprises. Cinq ou six magistrats comme Apothéloz, dans la ceinture suburbaine, et jamais la gauche ne se serait fait ravir la confiance populaire par de nouveaux partis.

     

    Que veulent les gens ? Travailler, et trouver à se loger. C’est tout simple, et pourtant si difficile à réaliser pour tous, dans un canton qui conserve le plus haut taux de chômage de Suisse, et où le logement à prix accessible – pour nos enfants, notamment – se fait tant désirer. Tout politicien qui aura fait des promesses dans ce deux domaines, mais aura passé sa législature à vivre en cercle fermé avec ses pairs (sur les réseaux sociaux, par exemple), aura gravement démérité. Et ne devra pas s’étonner si on le renvoie à ses chères études. Car la politique exige absolument, à l’instar de Pierre Mendès France, le seul véritable homme d’Etat de la Quatrième République, de tenir parole. Dans l’intérêt supérieur de la communauté humaine qui vous a porté à votre poste.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • SSR-Editeurs : une guerre qui n'est pas la nôtre

     

     Publié dans Le Temps - Mercredi 01.04.15

     

    Pietro Supino, le grand patron de Tamedia, qui prend sa plume (Le Temps du 31 mars) pour nous rappeler que la SSR est trop gourmande et n’a pas le monopole du service public, c’est bien. Mais ça nous rappelle les premiers passages de la Théogonie d’Hésiode, ce merveilleux poète épique des temps homériques : des chocs de Titans et de Géants. Entre eux. Où nul lecteur averti, en l’espèce, n’est dupe du vrai contexte, la guerre entre les grands groupes de presse et la SSR autour des sites d’information. Bref, une histoire de gros sous, entre gros. Pour grossir encore. Jusqu’à l’éclatement ?

     

    Il existe en Suisse trois géants : Tamedia, Ringier, et surtout la SSR. Ils se font la guerre, c’est leur problème. Le nôtre, celui de l’ensemble des citoyens aspirant à s’informer, n’est pas d’assister impuissants, passifs et résignés à ce combat des chefs basés à Berne ou à Zurich. Mais d’exiger de tous les acteurs une nouvelle définition du « service public », ce concept dont la SSR s’autoglorifie, comme si elle en était la seule dépositaire. Alors qu’elle n’est qu’un acteur parmi d’autres. Et surtout, qu’elle produit de moins en moins d’émissions citoyennes, ou de « service public ». Et de plus en plus d’offres n’ayant qu’un lointain rapport avec la promotion de la vie démocratique, de la culture, des arts et des sciences.

     

    Dans son papier du Temps, M. Supino fait référence à des propositions publiées fin octobre par Avenir Suisse (dont le patron ne doit pas lui être totalement inconnu), prônant une complémentarité, dans la reconnaissance de la mission de service public, entre SSR et médias privés. Non seulement je partage le point de vue des patrons de Tamedia et d’Avenir Suisse sur ce thème, mais il se trouve que dans «Edito + Klartext, Le Magazine des Médias », il y a un an, printemps 2014, sous le titre « Financer des émissions, pas des entreprises », je publiais une analyse précédant de plusieurs mois tout ce beau monde. « Et si, au lieu de financer, par l’essentiel de cet impôt déguisé qu’on appelle redevance, une armada de chaînes entières (les innombrables canaux radio ou TV, en quatre langues, de la SSR), on ciblait les aides sur des émissions ? Peu importerait qu’elles émanent de la SSR ou des privés. Pourvu qu’elles soient, par la qualité de leur apport, de nature à aiguiser la citoyenneté, faire connaître les enjeux sociaux et économiques, refléter la puissance des antagonismes, donner la parole aux gens, mettre en valeur les actions culturelles ou sportives de proximité. Cela, aujourd’hui, se fait dans les chaînes privées. Avec un autre enthousiasme, une autre économie de moyens, une autre puissance d’engagement qu’à la SSR ».

     

    L’idée est simple : casser la double équation « SSR = service public », et « TV ou radio privées «  médias commerciaux ». Oh, toute la sainte propagande de M. de Weck, le Saint Patron de la SSR, voudrait nous l’accréditer, ce poncif. Le problème, c’est qu’en 2015, et à vrai dire depuis quelques années déjà, il ne correspond plus à aucune réalité. D’abord, parce que les médias privés (prenez Canal 9, la Télé, Léman Bleu) multiplient les efforts sur l’information de proximité, les débats politiques quotidiens touchant leurs périmètres de diffusion, ils en produisent, au prorata, infiniment plus que la SSR. La politique, les débats électoraux, la valorisation culturelle de proximité, c’est chez eux, et très peu ailleurs, que ça se passe. Mais aussi, parce qu’à l’inverse, la SSR, gavée d’argent, ayant perdu tout sens de la mesure, n’en peut plus de proposer des offres de programmes qui se laissent peut-être voir, mais n’ont strictement aucune relation avec un mandat de service public. Elle a bien sûr le droit de diffuser ce qu’elle veut, mais ces émissions-là, qu’elle les finance par la publicité, pas par la redevance.

     

    Dès lors, l’idée que je lançais dans « Edito Klartext » il y a un an, six mois avant Avenir Suisse et un an avant M. Supino, est de financer, par la redevance (si vraiment il faut qu’il en existe une) non plus des chaînes complètes, non plus des entreprises, mais des ÉMISSIONS. Jugées dignes de l’ambition de « service public ». Et surtout, provenant du privé autant que de la SSR. Et pas seulement des grandes entreprises : le temps est venu, je parle ici comme petit entrepreneur, où des microcellules médiatiques compétentes et dynamiques peuvent, dégagées des lourdeurs de logistique et d’état-major, accomplir des mandats mettant en valeur la vie citoyenne, culturelle, la compréhension économique d’une région donnée. Sur le terrain, en Suisse romande, la bataille est déjà gagnée. Elle doit encore croître en reconnaissance, en luttant contre la propagande SSR, laissant scandaleusement entendre qu’elle détient le monopole du service public. Il y là, pour les mois ou les années qui viennent, une véritable bataille de légitimité à engager. Nous la conduirons avec les seules armes qui permettent de marquer les points : la qualité, jour après jour, infatigablement recommencée, chacun dans son domaine et dans sa région, de notre travail, au service du public.

     

    Pascal Décaillet