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  • Ministre, ou porte-parole du patronat ?

     

    Sur le vif - Mardi 03.01.12 - 18.43h

     

    J'ai toujours éprouvé une certaine admiration pour le conseiller d'État vaudois Philippe Leuba. Mais là, je suis franchement déçu par son intervention, à l'instant, à la RSR. Thème: les récents propos de Christian Levrat sur les régions frontalières. Je m'imaginais que M. Leuba, ce grand serviteur de l'État, aurait un autre discours, plus républicain, que la seule "mise au service des employeurs des forces nécessaires". J'ai eu le sentiment d'entendre un porte-parole du patronat. Le propos n'était pas assez ministériel.

     

    Pascal Décaillet

  • Christian Levrat et la mathématique d'ombre des bilatérales

     

    Sur le vif - Mardi 03.01.12 - 00.40h

     

    Christian Levrat. Président du deuxième parti de Suisse, derrière l'UDC. Patron du PS. Il vient d'affirmer que les mesures d'accompagnement pour la libre circulation des personnes étaient insuffisantes dans les régions frontalières, comme Genève, le Tessin, l'Arc jurassien, et Bâle. Le Fribourgeois reconnaît enfin ce qui n'aura été jusqu'ici que l'infatigable combat local de certaines Marges. La parade des Gueux face à l'establishment. Lequel, aujourd'hui encore, alors qu'il se rallie enfin à leurs thèses, leur en nie, avec une glaciale arrogance, toute paternité.

     

    La Suisse, au plus haut niveau, commence à comprendre que l'application dogmatique de la libre circulation, entre un petit pays de sept millions d'habitants et un univers environnant qui en compte plusieurs centaines, ne peut guère laisser la moindre chance au premier, contre l'empire et l'emprise du second. Ce qui se meurt doucement, ce ne sont pas les Accords bilatéraux entre la Suisse et l'UE. Mais l'idée qu'il faille les appliquer de façon cérébrale, cristalline, sans clauses de sauvegarde, au nom d'un internationalisme éthéré, coupé de la solidarité nationale. Mathématique d'ombre. Version libérale du Grand Soir, au nom d'aveuglantes Lumières. Oui, 2012 sera l'année du retour à une certaine forme de protectionnisme. Il n'y a nul lieu de s'en plaindre. Bien au contraire.

     

    Il ne s'agit en aucun cas de fermer nos frontières. Ni d'abandonner les échanges. Mais de tenir compte des immenses frustrations, sur place, d'une partie de la population qui se sent comme abandonnée par ces Accords, trahie par ses élites, exilée en son propre pays. Au nom d'une mécanique internationaliste à laquelle elle n'entend rien. Et dont elle n'a rien à faire. C'est aussi simple que cela. De gauche comme de droite, les plus avertis de nos politiques commencent à en prendre la mesure. Le mouvement, dans l'année 2012, pendra de l'ampleur. Bonjour les conversions. Sur le chemin ce Damas, il y aura du beau linge. Avec costumes et cravates, avec leurs Lions et leurs Rotarys, vous allez les voir se retourner, dans les mois qui viennent. Pour demander l'assouplissement d'un dogme dont ils étaient, hier encore, les grands prêtres.

     

    Le diapason tendu par Levrat ira-t-il tinter jusqu'aux oreilles du Conseil fédéral? Incitera-t-il certains ministres de cantons frontaliers à un peu moins d'arrogance et un peu plus d'écoute de la population ? Une chose est sûre : le ton est donné. Le retour à certaines préférences locales n'est plus tabou. Le thème est à l'ordre du jour. Au calendrier politique de l'année 2012.

     

    Pascal Décaillet