Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 7

  • Juste un réglage du curseur

     

    Sur le vif - Samedi 19.03.11 - 12.08h

     

    Les libéraux, demain soir au Château de Penthes, accepteront-ils que Florence Kraft-Babel figure à côté d’Eric Bertinat, sur la liste UDC ? C’est une question aussi ouverte que « Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? », nous verrons.

     

    Dans cette affaire, l’enjeu n’est même plus la victoire du 17 avril, elle sera celle, sans doute éclatante, d’une gauche qui pourra se frotter les mains. Et il y aura encore des roses distribuées par Grégoire Carasso, des sourires au-dessus d’écharpes vertes, et bref, pour quatre ans, c’est reparti.

     

    Non. L’enjeu, ce sont les échéances à venir. Et c’est avec vision sur ces dernières que Cyril Aellen a pris date. Élections fédérales le 23 octobre. Bataille des Etats. Élections cantonales, l’automne 2013. Scrutins qui se préparent dès maintenant.

     

    Il y a deux écoles. Ceux qui se cramponnent à l’idée que le Centre est le pivot du monde. Ceux qui veulent la clarté des fronts : la gauche, la droite, ça n’est pas, ça n’a jamais été, ça ne sera jamais la même chose. Et à peu près l’ensemble des démocraties du monde, comme le relève régulièrement Pierre Kunz, offrent à leurs électeurs un choix bipolaire, entre deux grandes familles (ou deux grands regroupements) politiques. La Suisse, doucement, mais inéluctablement, glisse vers ce modèle.

     

    À Genève, les paravents de morale, les éternelles références – parfaitement ridicules - aux derniers mois de la République de Weimar, camouflent une réalité plus sordide : la peur de quelques édiles – et de leurs cabinets noirs – de perdre un pré carré bien confortable qui leur permettait de survivre par des alliances autrement biscornues que celle des libéraux et de l’UDC municipale genevoise.

     

    La Suisse est un vieux pays conservateur. Les deux tiers du Parlement fédéral sont à droite, ce qui est sans comparaison en Europe. Et cela pourrait bien se renforcer encore le 23 octobre. À Genève, le Canton est à droite. Et même en Ville, la gauche a perdu sa majorité absolue. La démarche de Cyril Aellen, c’est, partant de ces réalités, de déplacer en douceur le curseur des alliances, vers la droite.

     

    Ni séisme, ni révolution. Juste un petit déplacement du curseur.

     

    Pascal Décaillet


  • Une liste Libéraux-UDC

     

    NEWS AGENCE DECAPROD - Vendredi 18.03.11 - 21.40h

     

    Les choses bougent. Il y aura une liste UDC avec Florence Kraft-Babel et Eric Bertinat. C’est le fruit des négociations entre le président libéral, Cyril Aellen, et la présidente de l’UDC, Céline Amaudruz. C’est un précédent dans l’Histoire politique genevoise.

    Tout cela doit être encore entériné d'ici lundi midi.

     

    Pascal Décaillet

     

  • « L’Entente » : concerto pour la main gauche

     

    Vendredi 18.03.11 - 15.15h

     

    Très intéressant, dans le débat d’hier soir, le choix des mots : François Gillet ne cesse de parler de « l’Entente ». Face à lui, Cyril Aellen ne parle que de « la droite ». L’un se cramponne à un discours cartellaire. L’autre se réfère à une philosophie politique. Riche de plus de deux siècles d’Histoire, née quelque part entre Gironde et Montagne, avec ou sans les Jacobins, l’un des piliers de l’identité républicaine.

     

    Par l’agencement même de ses syllabes, la grisâtre redondance d’une diphtongue (que les Vaudois des vignes ont au moins le goût de colorer, « Intinte »), le mot « entente » est d’une désespérante laideur. Rien de musical dans un vocable qui justement, hélas, se réfère au monde du son. Juste la triple récurrence d’un « e », deux fois avalé en nasale, finalement muet.

     

    Et puis, il y a évidemment le sens : ça rime à quoi, « s’entendre » ? Il y a un film de Kazan, éblouissant, qui s’appelle « L’Arrangement ». Il y a Faye Dunaway, Kirk Douglas, il y a les mensonges et les vérités d’une vie, et le parti qu’on a bien voulu en prendre. Ce qu’on retient, ça n’est pas la nature de leur pacte, c’est le sublime de deux visages, auxquels s’ajoute celui de Deborah Kerr.

     

    L’Entente, c’est cela, historiquement, à Genève comme un peu partout en Suisse romande : au cours des années trente, entre anciens ennemis du Sonderbund, mais aussi entre la droite patricienne et celle du cassoulet (issue, à Genève, de la magnifique révolution fazyste de Saint Gervais), on a, pour de purs motifs électoraux, cherché à « s’entendre ». Contre le communisme, par exemple. Mais aussi contre la peste brune, la vraie, celle qui venait d’Allemagne, et que certains ultras, en Suisse, relayaient.

     

    On s’est ligué contre des extrêmes. Et cette puissante coagulation du raisonnable (Vernunft) a connu de très belles heures dans les décennies prospères de l’après-guerre. Nul ne s’en plaindra. C’est une page de l’Histoire de notre pays dont il n’y a pas lieu de rougir. Et de très grands hommes d’Etat en ont surgi, de Kurt Furgler à Jean-Pascal Delamuraz, tandis que les socialistes, dans l’autre camp, donnaient au pays un homme comme Tschudi, sans doute le plus grand conseiller fédéral de l’après-guerre.

     

    Oui, pendant des décennies, on a prétendu « s’entendre ». On ne se parlait pas vraiment, mais on avançait l’argument de l’oreille, du message qui passe, sans d’ailleurs en préciser la nature. En clair, voilà déjà très longtemps que la plupart des Ententes sont des coquilles vides, des étiquettes sur du néant, tout au plus l’alibi pour se tailler, vite fait, et sans trop s’appesantir sur la cohérence idéologique, une majorité, un dimanche de vote. Et ce bric-à-brac, pendant les années de prospérité, a tenu.

     

    Aujourd’hui, le montage est vermoulu. L’écroulement, programmé. Parce que d’autres lames de fond, puissantes, sont arrivées, qu’on n’a pas voulu voir, qu’on a cachées sous le tapis, ou reléguées dans le caniveau. Sur l’ensemble de la Suisse, l’UDC blocherienne, plus de vingt ans de montée en force. À Genève, le MCG, qui s’enracine dans les communes et pulvérise les donnes politiques traditionnelles. Dans les salons, dans les cocktails, on pense régler le problème par le seul dédain incantatoire du mot « populisme ». On se dit que le cauchemar va passer, qu’un jour tout rentrera dans l’ordre ? Quel ordre ? Notre ordre à nous, celui de « l’Entente ».

     

    En s’accrochant au vocable, François Gillet défend le cartel. Il brandit l’étiquette, même si le vin est bouchonné. Il s’accroche à la machine, sans se préoccuper de ce qu’elle doit fabriquer. Face à lui, Cyril Aellen, l’homme qui restera pour avoir osé un réglage du curseur, avance une philosophie politique. La droite. Et il doit bien se dire, au fond de lui, que pour représenter « la droite », l’étiquette « Entente » apparaît de plus en plus comme archaïque. La machine est devenue une machine à perdre. Une gauche n’obtenant que 39 élus dans un Parlement municipal de 80 va sans doute, pour quatre nouvelles années, régenter l’exécutif avec quatre ministres sur cinq.

     

    Tout cela, à cause du malentendu de l’Entente. Une histoire de son devenu muet, de petite musique truffée de fausses notes. L’Entente, un concerto où finalement seule triomphera la main gauche. Le beau, le rare gâchis. Merci Messieurs.

     

    Pascal Décaillet