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  • François Longchamp plus libyen que la Libye !

     

    Sur le vif - Mardi 26.10.10 - 13.56h

     

    Comme nous le pressentions dès le début, le président du Conseil d’Etat genevois, dans l’affaire de l’affiche MCG, s’est montré plus royaliste que le roi, plus libyen que la Libye, plus kadhafiste que le dictateur de Tripoli lui-même.

     

    Dans un courrier recommandé adressé hier, 25 octobre 2010, à l’attention de M. Thomas Harnischberg, chef du service droit, inspection et tâches spéciales au Département fédéral de justice et police, le Ministère public de la Confédération, sous la signature de Laurence Boillat, procureure fédérale suppléante (cf notre dernière contribution), écrit ceci : « Il convient de rappeler que, dans les cas d’outrages aux Etats étrangers selon l’article 296 CP, le Conseil fédéral n’ordonne la poursuite que si la demande en est faite par le gouvernement de l’Etat étranger. A la connaissance du MPC, l’Etat libyen n’a, à ce jour, formulé aucune demande en ce sens ».

     

    Donc, François Longchamp aura, dans cette affaire, agité unilatéralement, et par angoisse anticipée, une demande de censure sans que l’Etat libyen ne se soit officiellement manifesté. Le peuple genevois, le peuple suisse, humiliés pendant des mois par les caprices du dictateur, apprécieront.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L’étrange précipitation du Ministère public de la Confédération

     

    Sur le vif - Mardi 26.10.10 - 11.43h

     

    Pour une fois dans leur vie, ils ont agi comme l’éclair. Plus rapides que leur ombre. Saisi le jeudi 21 octobre par le Conseil d’Etat genevois dans l’affaire de l’affiche MCG représentant le dictateur libyen Kadhafi, le Ministère public de la Confédération décrétait le lendemain même, vendredi 22 octobre, sous la signature de Laurence Boillat, procureure fédérale suppléante, le séquestre de cette affiche.

     

    Quelle célérité, Madame Boillat ! Chapeau. Jamais vu ça. Une nuit de réflexion, à Berne, et paf, le séquestre. Jusqu’ici, le Ministère public de la Confédération (instance dont Christoph Blocher a payé de son poste le culot d’en avoir mis en question le fonctionnement) était réputé, au-delà des frontières, pour la lourdeur et la lenteur de ses procédures.

     

    Question : si la dénonciation avait émané, non du Conseil d’Etat genevois, mais d’un simple quidam, vous ou moi, et avait porté sur l’outrage à un autre chef d’Etat que le bienfaiteur du désert, des infirmières bulgares, des otages suisses et des passagers de Lockerbie, combien de temps la procédure du MPC aurait-elle duré ?

     

    Dans cette affaire, où la séparation des pouvoirs s’évanouit d’un coup au profit d'une raison d’Etat sur laquelle on aimerait au moins quelques précisions, les « autorités », au sens large, au reste scandaleusement confondues les unes avec les autres, se foutent du monde.

     

    En l’espèce, il y a trois autorités bien distinctes. Le Conseil d’Etat genevois, qui veut censurer l’affiche. L’exécutif fédéral, à Berne, qui le veut aussi. Le Ministère public de la Confédération, qui s’empresse immédiatement d’aller dans leur sens, à l’issue d’une très courte nuit, le lendemain même des démarches.

     

    Il y a, dans tout cela, quelque chose qui pue. Quelque chose de pourri. Et les grands airs de donneur de leçons de François Longchamp n’y pourront rien changer. Cela s’appelle censure. On compte sur la majorité de l’opinion, celle des équilibres et des barbichettes par lesquelles on se tient, pour faire passer la pilule. Que le Ministère public de la Confédération soutienne ce tour de passe-passe avec une fulgurance chronologique qu’on ne lui a jamais connue en d’autres circonstances, achève de décrédibiliser cette institution. Et donne raison, a posteriori, à un ancien conseiller fédéral qui avait eu la fatale témérité d’aller y fourrer son nez.

     

    Pascal Décaillet