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  • Non, il ne s’agit pas d’élire un ministre de la Santé !

    Mardi 11.08.09 - 19h

    Monsieur X, ou Madame Y, le 16 septembre, héritera-t-il du Département de Pascal Couchepin ? Sans doute, bien sûr, tant on imagine mal l’un des six autres se précipiter sur le casse-tête des assurances-maladie.

    Sans doute, mais au fond nous n’en savons rien. Le débat du 16 septembre ne consiste en aucune manière à trouver un ministre de la Santé, mais à élire un conseiller fédéral. Titulaire du septième du pouvoir exécutif. Responsable collégial de l’ensemble des décisions du gouvernement. Un esprit ouvert, ample, ayant parfaitement le droit – et même le devoir – de s’occuper des Départements des autres, d’y fourrer un peu son nez, de demander à l’interne des explications. En cela, un conseiller fédéral est beaucoup plus qu’un ministre : il est le gouvernement, divisé par sept. Enfin, c’est du moins cela que devrait être notre exécutif, plutôt que la juxtaposition de sept fiefs, où règne l’accord tacite : « Je te fous la paix, tu me fous la paix ».

    Il est donc, dans la logique de nos institutions, faux de faire porter le débat du 16 septembre uniquement sur l’avenir de la santé, de la culture et des assurances sociales en Suisse. L’enjeu est beaucoup plus large : trouver l’homme ou la femme qui, par sa stature, sa culture, l’ampleur de sa vision, la richesse de ses horizons, pourra le mieux contribuer, sur l’ensemble des dossiers, à faire avancer notre pays. Une fois le nouveau conseiller fédéral élu, le collège se réunira et se répartira les Départements. Rien n’empêche un remaniement, une redistribution des compétences, encore moins la reprise du DFI par l’un des six restants, fût-il amateur de défis ou candidat au suicide.

    À cet égard, étranges sont les déclarations que vient de faire Urs Schwaller (dont on apprécie tout de même qu’il ait recouvré l’usage de la parole) à la RSR, en mettant l’accent sur « les 15% annuels de hausse des primes maladie à éviter ». Le sans-doute-futur-candidat-du-PDC, chouchou absolu (avec Didier Burkhalter) du sérail médiatique parlementaire, a donné une image bien sectorielle de ce que doit être une ambition gouvernementale. Et manqué une occasion de prendre un peu d’altitude. Peut-être un petit 4000, avec départ de la cabane à 2 heures du matin, en compagnie de son président de parti, aiderait-il le sénateur fribourgeois à découvrir, quelque part près des étoiles, le vertige de l’Alpe.

    Pascal Décaillet

  • Et si le groupe osait le putsch ?

    Mardi 11.08.09 - 13h

    Fulvio Pelli tient le parti libéral-radical suisse. D’une main experte et précise. Il en est à la fois le marionnettiste, la figure principale, visible et invisible, le mécanicien, le réparateur, il actionne tant de fils en même temps, sans s’emberlificoter, que sa dextérité émerveille. Il eût fait, à coup sûr, un neurochirurgien d’exception. Ou un félidé de race, quelque part sur une colline.

    Il tient le parti. Mais tient-il le groupe ?

    Le groupe, oui. L’ensemble des élus libéraux-radicaux des Chambres fédérales. Cette instance qui devra désigner, d’ici quelques jours, un ou deux candidats parmi les quatre officiels et le joker, qu’on appellera le Sauveur. Ce groupe, dont il n’est pas le chef, et où il ne sera, comme conseiller national, qu’un votant parmi les autres.

    À ce groupe, il dit : « Surtout, faites comme vous voulez, ne vous préoccupez pas de moi, faites comme si je n’étais pas là, les enfants. Simplement, sachez que, si vous avez besoin de lui, Papa est là. Mais Papa préférerait ne pas intervenir. Il ne le fera qu’en cas d’extrême urgence, si vous deviez considérer comme capitale son entrée en scène ».

    Hypothèse : et si le groupe, tout bien réfléchi, décidait de se passer de Papa ? Un ticket double, mais sans lui. Vous imaginez la tête de Papa, l’effondrement de son crédit, la ruine de sa stratégie ?

    Alors, bien sûr, tout le calcul de Papa, qui voit (avec Machiavel) la politique comme un rapport de forces, c’est d’être, de facto, à ce point indispensable à la victoire que le groupe n’oserait jamais se passer de lui. Parce qu’il aurait, lui, les voix de l’UDC. Parce qu’il a préparé ses réseaux depuis des années. Et puis, enfin, parce qu’il est le père, et que le parricide, ça n’est pas bien.

    Ça n’est pas bien, le parricide, mais c’est très courant en politique. Rien de plus dangereux qu’un enfant, rien de pire qu’un fidèle, rien de plus atroce qu’un proche : les premiers, ils chercheront à vous étouffer. C’est triste, mais c’est ainsi. Et la lutte pour le pouvoir s’avère un miroir d’une extraordinaire cruauté. Il faut juste le savoir. Et dire les choses telles qu’elles sont.

    Cela dit, pas grand souci pour Papa. L’hypothèse est très peu probable. Tout devrait rentrer dans l’ordre. Et l’heure de Brutus et Cassius, sans doute, remise à une date ultérieure.

    Pascal Décaillet

  • Incroyable surprise : Fulvio Pelli est candidat !

    Lundi 10.08.09 - 16h

    Nous sommes le 10 août. C’était le délai. Et Fulvio Pelli est au rendez-vous. Après le temps des chérubins, voici venu celui des ténors. C’est la deuxième partie de la campagne qui commence.

    La section tessinoise du PLR propulse Fulvio Pelli. Et ce dernier, délicieusement vêtu de probité candide, se déclare prêt à partir au combat "si le groupe PLR des Chambres estime cette candidature capitale".

    Vous imaginez, vous, le groupe ne pas tenir pour "capitale" la candidature du président national du parti!? Vous l'imaginez, le désaveu? Seule inconnue, à moins d'un séisme: l'Archange sera-t-il seul, ou porté par un Chérubin? Juste pour la route. La voie royale. Lactée, comme la robe de traîne du destin.

    Le Machiavel transalpin est donc candidat, Comme dans n'importe quelle autre démocratie du monde, un chef de parti (a fortiori celui du poste laissé vacant) est candidat à gouverner le pays. C'est la chose la plus simple, la plus naturelle du monde. Il n'y a qu'en Suisse où on laisse entendre qu'existeraient, quelque part, des perles inconnues, des pépites d'or, dont personne n'aurait jamais entendu parler, qui n'auraient jamais signalé leur talent politique, et qu'on laisserait à des "commissions électorales" le soin d'aller dénicher. Après une intense prospection. Le mythe de l'outsider, aussi vain que celui de la "société civile", dans le premier gouvernement Rocard de 1988. La politique est affaire de professionnels. La connaissance du terrain, des hommes, le décryptage du jeu des ambitions, y tiennent une part essentielle.

    Le mythe du bel inconnu. Alors que les chefs naturels sont là, disponibles. Piaffant. Crevant d'envie. Se coupant les joues d'impatience, en se rasant. Mais n'ayant le droit, en vertu d'un étrange cérémonial initiatique, de se dévoiler qu'en dernier. C'est cela, cette hypocrisie-là, qui doit changer. Dire son appétit de pouvoir, quand on est compétent et ambitieux, dès le début d'une campagne, n'est absolument pas une honte en politique. Cela clarifie le contrat avec l'opinion publique.

    A cet égard, encore une fois, hommage à ceux qui, bien avant le Florentin, et dans son propre parti, ont osé se lancer. C'est courageux, parce qu'il y a plus de coups à prendre que de lauriers à récolter, dans ce genre d'aventure. Et il n'y aura, le 16 septembre, qu'un seul élu.

    Et l'ultime duel pourrait bien être, comme ne cesse de le répéter Christophe Darbellay, « Pelli contre X ».

    Hypothèse d’une équation : X = CD ?


    Pascal Décaillet