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  • Lumières andalouses, juillet 69

     
    Sur le vif - Samedi 03.06.23 - 10.06h
     
    J'avais déjà visité des Mosquées avant 1969, à Damas et à Istanbul notamment, j'avais été magnifiquement initié à l'Islam par le Père Collomb, aumônier du primaire (qui nous enseignait tous les grands courants religieux, avec une rare ouverture), mais cette année-là, pour moi, fut décisive.
     
    Fin juin 69. Je quitte l'école primaire, ayant juste fêté mes onze ans, pressé de faire le grand saut, l'automne, dans le secondaire. Seul avec ma mère, je pars deux semaines en Andalousie. Circuit et visites à fond, Grenade, Cordoue, Séville, Jerez, Cadix, Ronda (la maison où vécut Rilke), et j'en oublie.
     
    Révélation. Lumière. Chaleur. Concert exceptionnel, le soir à Grenade, en plein air, au pied de la Sierra Nevada. Alhambra, Alcazar, Mosquées, Églises, quartiers juifs d'avant le décret d'Isabel la Catholique.
     
    Nous avions, dans notre petit groupe, un homme extraordinaire. Il travaillait à Genève, dans la banque. Il parlait et lisait couramment l'arabe et l'hébreu. Il nous traduisait les inscriptions, nous restituait le contexte. Les Lumières de Cordoue, du temps béni où les grandes religions du Livre se côtoyaient en Andalousie, pour moi, ce fut lui. Un décrypteur. Un passeur.
     
    J'ai visité tant d'autres Mosquées, par la suite, Afrique du Nord, Turquie, Balkans, Proche-Orient. Mais comment oublier celles d'Andalousie ? Chaque inscription, dans la beauté dansante de l'écriture arabe, était comme un ballet de comètes, sous la voûte multicolore. La finesse de cette civilisation de l'Andalousie médiévale, la sensualité, l'élévation.
     
    C'était un voyage de rêve. Il m'a ouvert l'esprit. Éveillé les sens. Il m'a aiguisé, allumé. De l'inconnu(e), qu'attendre d'autre ?
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Loi sur le climat : le droit de dire NON !

     
    Sur le vif - Vendredi 02.06.23 - 19.00h
     
     
    Loi sur le climat : toute citoyenne, tout citoyen de notre pays, a parfaitement le droit de dire NON.
     
    Il a le droit de dire OUI. Et il a, en absolue égalité, le droit de dire NON.
     
    Un parti dit NON : l'UDC. Ses arguments concernent notamment la hausse du prix de l'électricité, donc le pouvoir d'achat, préoccupation no 1 de nos compatriotes. Parfaitement pertinent ! Et en phase avec l'inquiétude majeure des Suisses.
     
    Face à cette légitime opposition, qui s'inscrit dans le droit de tous à s'exprimer, dans un débat de notre démocratie suisse, c'est l'avalanche. La diabolisation du NON. L'UDC, nous assène-t-on, utiliserait des "fake news", le mot à la mode (et bien sûr en anglais) pour dire "fausses nouvelles". Comme si les promesses d'Apocalypse autour du climat constituaient, quant à elles, d'irréfutables vérités.
     
    Alors maintenant, ça suffit. Partisans du OUI, vous allez bien vite baisser le ton. Et laisser s'exprimer, au même titre que vous, avec la même présence, la même durée, les partisans du NON.
     
    Nous sommes dans un débat démocratique, nous avons en Suisse le système le plus génial du monde, le peuple décide. Mais de grâce, chacun donne ses arguments. Sans noircir, ni sataniser, ni vouer aux flammes l'opinion défendue en face.
     
    Le peuple suisse est mûr, adulte, vacciné. Il est parfaitement capable de se forger son point de vue, discerner le vrai du faux, sans avoir à subir l'insupportable propagande négative d'un camp contre l'autre.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Balkans : analyse et lucidité, SVP !

     
    Sur le vif - Vendredi 02.06.23 - 09.55h
     
     
    J'ai suivi au millimètre les guerres balkaniques il y a trente ans, je me suis rendu dans cette région du monde que je connaissais déjà d'avant, du temps d'un pays qu'on appelait la Yougoslavie, la Fédération des Slaves du Sud. Pendant toute la décennie qui a précédé l'embrasement, entre la mort de Tito (1980) et le retour des guerres (1990) dans cette poudrière millénaire, je voyais bien que l'éclatement allait se produire.
     
    Pendant toutes les années 1990 j'ai analysé les guerres balkaniques avec une parfaite froideur, m'immergeant dans les livres d'Histoire, les récits nationaux des uns et des autres, ceux des Serbes comme ceux des Croates, ceux des Albanais, des Macédoniens. L'Histoire, notamment, de la Seconde Guerre mondiale, mais c'est évidemment des siècles en amont qu'il faut remonter.
     
    Je n'ai jamais, de toute cette décennie, utilisé les mots de la morale. Mais ceux de l'analyse historique, avec ses chaînes de causes et de conséquences. C'est la méthode à laquelle nous invite l'historien grec Thucydide, qui nous décortique, il y a 25 siècles, une autre guerre, toute proche de ces Balkans en éruption dans les années 1990, celle du Péloponnèse. Il ne dit jamais : "Celui-ci est bon, celui-là est méchant". Il dit : "Voilà les grandes causes, économiques notamment, ou d'impérialisme (celui de Sparte, celui d'Athènes), qui ont provoqué ces guerres, dans les Cités grecques".
     
    Alors oui, pendant toutes les années 90, j'ai écrit sur le rôle des Etats-Unis d'Amérique, qu'on appelait pudiquement "Otan" lorsqu'ils bombardaient Belgrade, capitale européenne, au printemps 1999, alors qu'à Hambourg, j'interviewais l'ancien Chancelier allemand Helmut Schmidt, qui condamnait fermement l'alignement du Rhénan Kohl sur l'Oncle Sam. Je me suis renseigné sur le plan, précis et puissant, de Washington pour installer un pied (vieux rêve de Churchill) sur une péninsule balkanique demeurée non-alignée pendant la Guerre froide. Intérêts économiques, gaziers, énergétiques, commerciaux, stratégiques. J'ai exposé cela, non pour défendre un nationalisme serbe qui n'est pas mon propos (je n'ai strictement aucune préférence ethnique personnelle entre les peuplades des Balkans, ni d'ailleurs entre quelconques peuples du monde), mais pour METTRE EN PERSPECTIVE l'embrasement de cette région, que j'étudie depuis bientôt cinq décennies, et qui me passionne.
     
    Je me suis rendu au Kosovo. J'ai bien vu que les Serbes allaient perdre, et que les autres, sous parapluie de l'Otan, allaient installer leur pouvoir. Ce parapluie, si cher aujourd'hui à M. Zelensky, en Ukraine. Ou aux Polonais. Parmi les gagnants, sous parapluie, il y avait des gens très bien. Mais il y avait aussi d'ultra-nationalistes, partisans de la Grande Albanie. L'un d'eux a longtemps dirigé le pays. On a vu le résultat. Dire, aujourd'hui, que le traitement des minorités serbes (je suis allé voir ces villages, à l'époque) au Kosovo, est satisfaisant, relève du déni, et de l'alignement le plus béat derrière le narratif atlantiste.
     
    Au moment où, hélas, s'embrase de nouveau la vieille poudrière, j'invite chacun d'entre nous à analyser les événements avec les outils de l'Histoire, de la culture, de l'analyse des langues et des actes de langage. Et non avec une morale de presbytérien américain, importée dans le monde pour camoufler l'impérialisme des Etats-Unis, leur insupportable vocation à être le gendarme du monde, leur mélange de langage du Bien et d'extrême violence dominatrice, dans les faits réels.
     
     
    Pascal Décaillet