Sur le vif - Dimanche 29.11.20 - 10.48h
Jamais l'urgence d'un contre-pouvoir à la toute-puissance de l'exécutif n'a été aussi criante à Genève, depuis Fazy.
Et jamais le Grand Conseil n'a été aussi impuissant à l'établir.
A cela, deux explications. D'abord, la barbichette. Les partis gouvernementaux font tout pour tuer toute émergence de commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire, depuis ce printemps, par le Conseil d'Etat. Terrible spectacle que celui de ce Parlement tétanisé, à la botte de l'exécutif, tout le monde se tutoie, les députés tutoient les conseillers d'Etat, l'impuissance tutoie la complicité.
Et puis, on se prépare à une élection complémentaire, celle du 7 mars 2021. Il s'agit de ménager les alliances. L'une d'entre elles sera celle des fatigues patriciennes avec les Gueux.
Des Gueux qui, depuis longtemps, sont rentrés dans le rang. Tout heureux de s'associer aux voluptueuses délices du pouvoir. De se fondre dans la masse. De s'embourgeoiser. De pouvoir dire à leurs mamans : "Regarde comme je suis devenu présentable".
Jamais, à Genève, le pouvoir de l'exécutif, sa prise de visibilité directe, comme chez lui, n'ont été aussi forts. Jamais la nécessité d'un contre-pouvoir n'a été aussi pressante. Le Parlement, ce printemps comme cet automne, a choisi à deux reprises de s'y dérober. Reste donc, comme ultime espoir pour sauver notre démocratie, l'entrée en action urgente de son seul véritable souverain : le peuple.
Pascal Décaillet