Sur le vif - Mardi 15.09.20 - 06.18h
Un franc sur deux gagné à l'étranger ? C'est exact. Mais c'est beaucoup trop. Ça n'est pas, ça ne doit pas être une fatalité.
Depuis la guerre, le Commerce extérieur est le chouchou de nos autorités. C'est pour lui qu'on a concocté les Accords de libre-échange. Certains d'entre eux, qui bafouent le respect des gens, des enfants, de l'environnement, sont proprement ahurissants. Regardez-les, de près : où est l'honneur, pour la Suisse ?
Depuis la guerre, le Commerce extérieur est une vache sacrée. La Confédération est même allée jusqu'à garantir les risques à l'exportation. J'avais couvert cela, à Berne.
Un franc sur deux est gagné à l'étranger. Mais par qui ? Parmi vous tous, qui me faites l'amitié de me lire, combien gagnent-ils "un franc sur deux à l'étranger" ?
Pour ma part, de toute ma vie professionnelle, soit comme prof d'allemand soit comme journaliste, j'ai toujours gagné le 100% de mes revenus en Suisse. Je ne pense pas être une exception, du moins dans le cercle, ici, de mes lecteurs. Il est vrai que je ne fréquente pas exagérément les milieux de l'horlogerie de luxe, ni ceux des grandes pharmas bâloises, ni ceux de la machine-outil.
Quel que soit le résultat du vote, le 27 septembre, la Suisse devra, dans les années et les décennies qui viennent, réorienter son économie vers le marché intérieur. Nous avons tant à faire ensemble, dans ce pays, pour continuer la magnifique aventure suisse !
Occupons-nous en priorité de nous-mêmes ! Confédérés, tournons-nous les uns vers les autres. Plaçons au cœur de tout notre cohésion sociale. N'abandonnons aucun de nos concitoyens. Passionnons-nous culturellement les uns pour les autres. Étudions l'allemand, l'italien, deux langues superbes, d'une richesse infinie, et pourquoi pas le romanche ! Revalorisons notre agriculture, respectons nos paysans, notre environnement, consommons local.
La tyrannie des exportateurs, j'en ai plus qu'assez. Je ne doute pas qu'elle soit juteuse pour certains, mais enfin si c'est pour perdre notre âme confédérée, perdre tout contrôle de notre immigration (c'est cela, le deal scélérat de la libre circulation), foncer vers une Suisse à 12 ou 15 millions d'habitants, massés sur un Plateau pollué, engorgé, alors comme citoyen, comme patriote, à ce modèle de démesure et de défaitisme dans l'ordre de la souveraineté, je dis non.
Pascal Décaillet