Sur le vif - Lundi 14.09.20 - 10.09h
La génération multilatérale, celle qui ne jure que par les grands ensembles, continentaux ou mondiaux, celle qui croit encore sérieusement à une quelconque utilité du petit monde international de Genève, tente de faire passer le souverainisme pour un tropisme obscur, singulier, une sorte de dada pour vieux originaux.
Pour ma part, j'ai toujours été souverainiste. Je le suis pour la Suisse, non en raison d'une mystique, mais juste parce que c'est mon pays. Si j'étais Français, je serais souverainiste français. Si j'étais Italien, je serais souverainiste italien. Comme je suis Suisse, je suis souverainiste suisse. C'est aussi simple que cela.
Hélas pour notre brave génération cosmopolite, libérale et libertaire, partisane de l'abolition des frontières, de la dissolution des nationalités, de l'ostracisme des âmes patriotes, c'est le mouvement contraire, aujourd'hui en Europe, qui est en train de s'opérer : le souverainisme revient, le multilatéralisme recule. Et ce retour de balancier n'en est qu'à ses débuts.
Alors, les multilatéraux prennent peur. Ils sentent monter, enfin, la sourde résurgence de tout ce que, depuis Mai 68, ils ont voulu laisser gésir dans les entrailles de la terre. L'âme des peuples. L'aspiration à la cohésion interne des nations. La volonté de préférence nationale. Les repères patriotes. L'intransigeance quant à la souveraineté.
Ils voient cela, effarés, et n'ont pas les outils de la contre-attaque. Parce que leurs arguments sont au bout de toute capacité de pertinence. Alors, ils étiquettent. Alors, ils diabolisent. Alors, ils traitent les patriotes de xénophobes, de fascistes. Face à un mouvement tellurique, ils réagissent en collant des mots. Déjà, ils ne sont plus sur le terrain de la bataille. Déjà, ils ont gagné le camp des spectateurs. Déjà, ils qualifient. Déjà, ils ont perdu.
Pascal Décaillet