Sur le vif - Dimanche 18.08.19 - 07.26h
Je suis, comme on sait, totalement opposé à la vision politique de Macron. Mais l'hommage aux soldats africains tombés pour la France, dans tant de batailles où tous les sangs se sont mêlés, était juste et nécessaire.
Qui, aujourd'hui, enseigne encore l'Histoire de ceux qu'on appelait - par extension - les tirailleurs sénégalais, en vérité surgis d'innombrables pays d'Afrique ? Leur dévouement, leur héroïsme. Leur fusion dans une communauté d'âmes combattantes. Leur comportement exemplaire dans la Campagne d'Italie, dans le Débarquement de Provence, et plus généralement dans les deux guerres mondiales.
Allez dans les cimetières militaires, en Italie. Regardez les tombes. Regardez les noms. Regardez les âges.
Ces Africains, frères d'armes des combattants français (parmi lesquels d'innombrables Pieds-Noirs), sont tombés dans la même mêlée. La Campagne d'Italie (1943-1945), face à une résistance allemande exceptionnelle, chef d'œuvre de stratégie défensive (celle du Maréchal Kesselring, avec sa Ligne Gothique), fut d'une âpreté et d'une douleur aujourd'hui ignorées.
Aux survivants africains de ces combats, il y eut encore quinze ans à vivre pour connaître les Indépendances, lors de la grande vague de décolonisation de 1960. Aux Algériens, deux ans de plus. Le début d'une autre Histoire. Mais rien n'effacera jamais la fusion des âmes et des destins, lors des années précédentes.
Dire l'Histoire, rappeler simplement ce qui fut, donner tous les témoignages, ne rien laisser de côté, vivre et accepter les chocs paradoxaux de la construction d'une pensée historique, c'est progresser sur le chemin de lucidité.
Pascal Décaillet