L'Histoire allemande en 144 épisodes - Intermezzo no 3 - Quelques notes sur le dessein, et sur la méthode.
A la fin de mon épisode no 10, publié hier soir 18.30h, j’ai annoncé ma décision, prise quelques heures auparavant : ma Série Allemagne ne comptera pas 12 épisodes, mais 144.
J’ai pris cette décision, qui va engager une part importante de mon existence dans les deux années qui viennent, la nuit de vendredi à samedi, prenant en considération l’immensité du sujet. Mais aussi, la férocité de ma passion pour la question allemande. Mais encore, l’incroyable télescopage d’idées, dans ma tête, depuis que je me suis mis à l’ouvrage. Une image, un sujet, une part d’instinct en entraînent mille autres, tout va très vite et se catapulte, une forêt de correspondances émerge : bref, j’ai beaucoup à dire, beaucoup trop retenu de choses en moi depuis plus de quatre décennies, il faut maintenant que cela sorte.
Les centaines d’ouvrages que j’ai lus, il faut désormais que j’en fasse bénéficier au lecteur. Enfin, à tout lecteur qui voudra bien prendre connaissance de mes textes. Le sujet, j’en suis conscient, n’est pas nécessairement très populaire, il ne pulvérisera pas les audiences. Mais en mon âme, rien de cela n’importe : je veux accomplir ce pèlerinage, j’ai d’ailleurs commencé, j’irai jusqu’au bout. Rien ne pourra m’arrêter.
A la vérité, j’ai commencé ce pèlerinage à la fin de l’enfance, et tout le temps que j’ai pu passer en Allemagne, à un âge tellement crucial dans la genèse des passions, puis plus tard comme adulte, et toutes ces centaines de lectures, font déjà partie du chemin. La phase d’écriture, pour laquelle je me donne deux ans, sera l’étape finale, celle de la mise en forme, celle de la transmission.
Reste la question centrale de l’organisation du propos. J’ai fait un choix initial, auquel je me tiendrai : celui de renoncer, d’une chronique à l’autre, à la chronologie. J’ai annoncé que l’étendue de mon sujet commençait en 1522, avec la traduction de la Bible en allemand par Luther, et irait jusqu’à aujourd’hui. Je ne m’occuperai donc pas de l’Allemagne médiévale. Mais de 1522 à nos jours, je ne déroulerai pas mes chroniques en fonction de la chronologie. Oh, certes, chacune d’entre elles est dûment datée, inscrite dans le temps, située dans son époque. Mais je veux me laisser la totale liberté de sauter d’un siècle à l’autre. Cela n’empêchera pas, lorsque les 144 chroniques auront été écrites, de les réunir, peut-être, dans l’ordre chronologique.
Mes grandes passions sont l’Histoire, la littérature, la poésie et la musique. On ne s’étonnera pas de découvrir ces domaines fort représentés dans la Série. J’assume en cela la totale subjectivité de mes choix. Ma grande ambition est de faire pénétrer le lecteur, petit à petit, avec la lenteur d’une révélation photographique en chambre noire, dans un certain portrait de l’âme allemande. La continuité qui aurait fait défaut aux amateurs de chronologie, je suis habité par l’idée qu’on peut la retrouver ailleurs, en recréant, avec le temps et la patience d’une traversée initiatique, un « fil rouge » du destin germanique. Dans ce dessein, il est très clair que les grands textes littéraires, les grandes œuvres musicales, les actes artistiques ne constituent ni un détail ni un luxe pour bourgeois, mais justement des parts majeures, inaltérables, de l’identité germanique. C’est par elles que dès l’adolescence, je suis entré en passion allemande. C’est donc à travers elles, entre autres, que je veux vous parler d’Allemagne.
Cette Série, pour moi, fait partie de mes « Années de Pèlerinage », pour reprendre le si beau titre de Franz Liszt. Pèlerinage, vers quoi ? Je l’ignore totalement. Mais impérieuse nécessité de prendre le Chemin. Je vous invite à le prendre avec moi, dans les deux ans qui viennent. Qu’y trouverons nous ? Nous verrons bien. Laissons-nous surprendre. Et surtout, cheminons.
Pascal Décaillet