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Le droit de contrôler son immigration

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 10.01.14


 
Voter oui à l’initiative « contre l’immigration de masse », le 9 février prochain, n’est en aucun cas être xénophobe. En aucun cas, rejeter l’étranger en tant que tel. En aucun cas, nier l’apport de l’immigration dans notre Histoire, notre économie, nos sciences, notre culture. Ceux qui tentent de culpabiliser le camp du oui en créant cet amalgame, nous mentent. Ceux qui essayent par tous les moyens de donner à ce scrutin une sorte de dimension morale, avec de grandes leçons et de grands prêches, comme s’il en allait du salut de nos âmes, nous trompent. Le 9 février, nous nous prononcerons sur un projet de régulation de l’immigration. On peut être pour. On peut être contre. Il n’y a là rien de métaphysique. Juste une technique de régulation. Sur laquelle devrait, en précision, porter le débat.


 
Les chiffres sont là. Près de 80'000 personnes par année arrivent en Suisse depuis la libre circulation. C’est, bien sûr, plutôt bon signe pour notre économie. Mais avec un risque énorme de surchauffe. Et surtout, notre petit pays, huit millions d’habitants aujourd’hui (dont un quart d’étrangers, la proportion montant à 38% pour le canton de Genève, et 40% pour la Ville), n’est pas extensible à souhait. Le Plateau suisse souffre, déjà aujourd’hui, d’un urbanisme totalement désordonné, au point qu’en certains lieux on ne sait plus si on est en ville ou à la campagne. Nos infrastructures n’ont pas suivi, nos autoroutes sont trop étroites, les trains manquent, le logement abordable (dans des villes comme Genève) fait cruellement défaut. S’interroger sur l’opportunité d’une Suisse à onze, douze ou treize millions d’habitants n’a strictement rien à voir avec une quelconque xénophobie. C’est vouloir maîtriser, comme tous les pays qui nous entourent, un certain niveau de densité qui permette à la Suisse de demeurer un pays où il fait bon vivre.


 
Pourquoi les opposants ne cessent-ils de dire que l’initiative veut stopper l’immigration ? Alors qu’elle ne vise qu’à la réguler. On peut discuter de cette régulation, mais pourquoi mentir ? Souhaitons que chaque citoyenne, chaque citoyen prenne juste quelques minutes pour lire le texte de l’initiative : cela vaut la peine. Nous ne votons pas, le 9 février, sur notre rapport ontologique à l’altérité, comme on tente de nous le faire croire, mais sur une proposition d’instauration de contrôle politique, voulue par le corps des citoyens, sur des flux qui semblent aujourd’hui nous dépasser. On est pour, on est contre, mais là se trouve l’enjeu. Entre une gauche qui veut nous faire croire que les Suisses sont xénophobes (ce qui est faux, révoltant même), et un patronat libéral, libertaire et dérégulateur ne s’intéressant ni à l’Etat, ni au bien commun, mais juste au profit, il y a un immense espace. Cet espace, c’est celui du peuple citoyen. Celui qui décide. Au-dessus des clans. Dans l’intérêt supérieur du pays.


 
Pascal Décaillet

 

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