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Faites-nous aimer la politique !

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Publié dans GHI - 28.08.13


 
Les des enjeux majeurs, pour les 476 candidats au Grand Conseil et les 29 au Conseil d’Etat, n’est pas seulement de faire campagne, être élus puis faire le meilleur boulot possible au service de la République. Non, il y a un défi plus important que tout cela : ils doivent, tous partis, tous sexes et tous âges confondus, nous donner le goût de la chose publique. Car la politique, pendant ces semaines électorales d’automne, ce sont eux qui vont l’incarner. Pour ma part, je remplirai à la main, comme je le fais depuis l’âge de vingt ans, la liste du Grand Conseil, puisant dans (presque) tous les partis ceux que j’estime les meilleurs. Je vais vous faire une confidence : il m’est parfaitement égal qu’ils soient de gauche ou de droite, jeunes ou vieux, hommes ou femmes. Mais je veux puissamment des gens qui, par leur action, leur rhétorique, la flamme qui les anime, nous donnent envie de croire à la politique. J’y crois depuis l’âge de sept ans et demi. C’est une belle et grande chose que la gestion de la Cité. Il faut y envoyer les meilleurs.


 
Sept ans et demi ? Tout a commencé lors de la campagne pour la présidentielle française, en décembre 1965. Les héros s’appelaient Charles de Gaulle, François Mitterrand, Jean Lecanuet. Sur notre petit écran noir et blanc, je regardais tout, la passion était née. Chez moi, chez vous, chez n’importe lequel d’entre nous, elle passe par la vertu de l’exemple. C’est pour cela que Plutarque a écrit ses Vies parallèles, pour cela qu’il faut lire la vie des grands hommes, de Gaulle, Churchill, Willy Brandt, Mendès France, Louis XI, Bismarck, et des centaines d’autres. Car chaque parcours est à la fois chemin d’aventure individuelle et repères d’exemples. De même, dans une campagne électorale, chaque candidat  doit savoir qu’il incarne plusieurs choses : lui-même d’abord ; mais aussi son parti, sa famille de pensée ; au-delà de tout cela, il figure et représente la politique elle-même, son crédit, sa valeur d’exemple, la dose de foi qu’on peut ou non lui porter. L’enjeu est immense.


 
Ce que je reproche à un mauvais candidat, ou un mauvais magistrat, c’est principalement qu’en n’étant pas au niveau, il contribue à ruiner le crédit même de la politique, dans lequel, depuis l’aube de mon enfance, je veux croire. Alors qu’un bon, ou un excellent, tiens un Delamuraz par exemple, au-delà de leurs options, réhabilitent la vertu, la nécessité de la politique dans la vie sociale des humains. Je pense à Chavanne, qui a tant fait pour l’école : on peut discuter de ses choix, mais il a affirmé la République au milieu de l’enjeu scolaire, c’est immense. Je pense à Willy Brandt qui s’agenouille devant le monument du Varsovie : c’est toute l’Histoire allemande qui s’incline devant le martyre de la Pologne. Delamuraz affrontant l’aile patronale de son propre parti dans la loi sur le travail, c’était l’Etat contre les clans.


 
A tous les candidats, je dis : allez-y, foncez, faites campagne, défendez vos idées. Mais n’oubliez jamais que vous incarnez la politique elle-même. De votre comportement, de la hauteur de votre action, dépendra son crédit. Ou sa ruine.


 
Pascal Décaillet

 

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