Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sous-enchère, servez-vous !

 

Sur le vif - Mardi 05.03.13 - 16.53h

 

Des entreprises suisses qui vont recruter directement en France, par le biais notamment de petites annonces, et cela sans passer par les offices de placements suisses : la nouvelle, révélée ce matin par ma consœur Estelle Braconnier, à la RSR, relance la question de la préférence aux résidents pour l’emploi, et, plus généralement, du degré d’implication sociale, voire citoyenne, d’un patron dans le canton ou le pays où il vit.

 

Ces offres se trouvent sur le site internet français du Groupement transfrontalier européen (GTE). D’autres arrivent directement au Pôle Emploi français (l’ex-ANPE). Patrick Schmied, le patron de l’Office cantonal de l’emploi, à Genève, reconnaît l’existence d’une réelle concurrence entre ses services et ceux de la France voisine. « Rien d’illégal », commente Blaise Matthey, le patron des patrons à Genève, tout en précisant qu’il ne les cautionne pas.

 

Rien d’illégal. Certes. Mais le canton de Genève demeure l’un des deux premiers de Suisse dans le record du chômage, alors que la vitalité économique y est évidente. Plus de 5% de nos résidents sont sur le carreau. Bien sûr, notre économie a besoin de frontaliers, bien sûr nous devons entretenir les rapports les plus amicaux possibles avec nos voisins. Mais tout de même ! Que fait l’Etat pour encourager, non par la contrainte, mais de façon séduisante, dynamique, les patrons à un minimum de civisme économique (oh oui, je sais, l’expression va choquer les ultra-libéraux et les libertaires sans frontières) ? Car enfin, ils sont des patrons suisses. Bénéficiant des immenses avantages d’habiter dans notre pays. Pourrait-on imaginer qu’ils socialisent un peu plus l’emploi local, un peu moins leurs pertes, lorsque les choses tournent mal ?

 

Rien de cela n’est le fruit du hasard. Nous sommes là dans l’application pure et dure d’une politique voulue par la majorité de l’actuel Conseil d’Etat à Genève : la libre circulation, sans entraves. Ceux, notamment au PLR, qui ont fait campagne pour ce dogme libéral-libertaire en 2005 et 2009, se mettaient dans leur poche les patrons, dont certains sont si contents d’engager meilleur marché. Alors, une fois élus, ils n’allaient pas les lâcher. Pas tout de suite, en tout cas. Parce que pour la législature 2013-2018, en fonction des nouveaux rapports de forces, ça pourrait bien changer.

 

L’opinion publique genevoise, sur ces questions, a beaucoup évolué. Elle réclame de très sérieuses adaptations à la libre circulation, un retour des contrôles aux frontières, une préférence à l’emploi pour les résidents. A Genève, comme sur l’ensemble de la Suisse, le peuple est demandeur d’un certain retour du protectionnisme, et pas seulement en matière agricole, où il est impérieusement nécessaire. Oserons-nous, un jour, sans nous faire insulter par les libre-circulationnistes, ou les snobinards du Grand Genève, prononcer avec fierté les mots « économie nationale » ou « souveraineté alimentaire » ?

 

Cela, nos gouvernants d’aujourd’hui, à Genève, dans leur arrogance et leur dogme transfrontalier, ne veulent pas le voir. Tant pis pour eux. D’autres, à partir de l’automne 2013, le verront à leur place.

 

 

Pascal Décaillet

 

 

 

Les commentaires sont fermés.