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Pierre Maudet : l'appétit sucré du destin

 

Sur le vif - Vendredi 02.03.12 - 14.41h

 

C'est hier soir 23h, à son domicile, que Pierre Maudet a pris sa décision : le Maire de Genève, à quatre jours de ses 34 ans, se lance dans la course au Conseil d'Etat. Hier après-midi encore, il pesait le pour et le contre. Dans la soirée, il rendait visite, en forme de veillée d'armes, à quelques grognards canal historique, dont le mythique radical des champs John Dupraz, dans son fief de Soral. Les bouteilles de Vieilles Vignes, où le silex le dispute parfois à l'abricot, ont-elles aiguisé l'appétit sucré du destin ?

 

Pierre Maudet est l'un de nos meilleurs politiciens, non seulement à Genève mais sur l'ensemble de la Suisse. Tombé dans la marmite, il donne sa vie à la politique. Avec lui, des heures, on peut parler d'Histoire suisse ou française, mais aussi de livres. Il a, comme Manuel Tornare, comme Pascal Couchepin, une véritable culture, un arrière-pays. Tous les politiques, aujourd'hui, ne donnent pas cette impression.

 

Sa candidature est courageuse. Il a plus à perdre qu'à gagner. En cas de non-élection, le retour en Ville, pour trois ans, ne sera pas facile. Il y a donc un très grand risque, il choisit de le courir, chapeau ! A partir de là, quid ? Franchement, je n'en sais rien ! Je rêverais, pour l'isocèle perfection du triangle, de le voir aux prises avec Manuel Tornare (qui se prononcera le jeudi 8 mars à 19h) et Eric Stauffer. Trois visions pour Genève. Et je dois dire, aujourd'hui 2 mars, que le camp socialiste a pas mal de chances de l'emporter. A condition qu'il choisisse le meilleur, et sache faire, pour un temps, l'économie de l'idéologie des quotas.

 

Si Maudet était élu, il y aurait, pour seize mois en tout cas, deux radicaux. Et alors ? Il pourrait bien y en avoir sept, comme dans les temps fédéraux bénis de 1848-1891, ou sept socialistes, si c'étaient les sept meilleurs ! Notre gouvernement actuel va si mal, et Genève avec lui, que les pesée d'apothicaires sont hors-sujet. Genève a besoin des meilleurs. Et ce Conseil d'Etat-là, pour éviter que la fin de législature se fasse sous perfusion, a besoin de combler le septième manquant par une très forte personnalité. Du nouveau conseiller d'Etat, on attend qu'aussitôt arrivé sur le terrain, il se mette, tel un remplaçant du banc de touche en football, à se mêler de tout, fasse bénéficier de sa fraîcheur l'équipe fatiguée.

 

Si les socialistes écartent le meilleur d'entre eux, alors oui, Pierre Maudet aura ses chances. Si au contraire, faisant la révolution copernicienne de jeter aux orties une idéologie paritaire qui leur a sans doute coûté le deuxième siège en 2009, ils envoient Tornare dans la bataille, la machine à faire des voix pourrait bien renvoyer le brillant radical en Ville. Pour l'heure, tout est ouvert. La campagne du printemps 2012 ne fait que commencer.

 

Pascal Décaillet

 

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