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Un temps pour les vilains, un temps pour les serfs

 

Sur le vif - Vendredi 06.01.12 - 18.22h

 

Les esprits les moins estourbis l'auront bien compris : l'affaire de l'Onglet, si ce n'est nous donner, fissa, la furieuse envie d'en savourer un à l'échalote, n'est évidemment qu'un leurre. N'importe quel fonctionnement nerveux pas encore totalement victime des ravages de la gentiane des neiges ou de l'étoile absinthe, est parfaitement capable, avec le nouveau système, d'accéder à la galaxie (non, je ne dirai toujours pas plateforme) des blogs de la Tribune de Genève. Faut quand même pas charrier. On est des tordus. Des vachards. Des inaccomplis. Des venimeux. Des torturés de la morsure. Mais pas des débiles.

 

En ce jour où Sarkozy évoque la Pucelle d'Orléans (histoire de ne pas la laisser à la seule Marine), nous reviennent comme mille fumets de Rouen qui nous inciteraient en effet, dans une lecture rapide, à faire de l'Onglet l'ennemi héréditaire. Le Mal absolu. Crécy, Azincourt, Mers el Kebir, des reliques de conserves sur le chemin du Cervin (si, je les ai vues), des souvenirs de sauce à la menthe en guise de souillure sur l'Agneau pascal, toute l'étendue de cette millénaire forfaiture ne doit pas nous inciter à la vengeance. Laissons l'Onglet. Passons la Manche.

 

Et transportons-nous du côté de Zurich. Allez guigner (vos prunelles survivront) le site internet du Tages Anzeiger. Celui de 24 Heures. Celui de la Tribune de Genève. Kif kif, mon frère. Du blanc bonnet, comme le regretté Jacques Duclos n'en aurait jamais rêvé. Du préfabriqué de Mécano pour petit garçon bricoleur. A Zurich, on formate. Chez les Welches, on se contente juste d'assaisonner. Et on livre préchauffé, moutardé, ficelé. Juste couleur locale. Et si les premiers à en avoir gros sur la patate n'étaient pas, sur Genève, mes confrères de la Julie ?

 

Lorsqu'il prend possession d'une terre, de quoi a besoin le suzerain ? De quelques serfs, attachés à la place, pour le servir. De l'un on fera un commis, de l'autre un intendant. Et la machine, avec ses relais, se remettra, comme devant, à tourner. Ce qui arrive aux blogs, ce vent de normalisation, c'est dans ce contexte-là qu'il faut l'inscrire. Il est minuit, docteur Mabut, un nouveau temps se lève, moins riant, moins étourdissant de liberté. Il y a les Seigneuries, là-bas. Et puis il y a, ici, ceux qui, par nature ou par quelque noire passion de la servitude, devancent  leurs désirs. Oui, comme le chantait le grand Ferré, les temps sont difficiles. Disons qu'il y a un temps pour tout. Un temps pour les souris, un temps pour les matous. Un temps pour les clairons, un temps pour les grognards. Un temps pour les vilains. Et un temps pour les serfs.

 

Pascal Décaillet

 

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