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A quoi joue le PLR ?

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 21.09.11

 

A Genève, mais aussi en Valais, sur Fribourg, sur Vaud, dans les cantons de Suisse alémanique (le combat des chefs à Saint-Gall sera passionnant!), j'observe de très près la campagne pour les élections fédérales. J'y vois des partis bien dans leurs bottes: les socialistes, les Verts, l'UDC. Un parti traditionnellement plus fluctuant, disons que c'est dans sa nature: le PDC. Et un parti à la stratégie, mais aussi à la rhétorique duquel je n'entends strictement rien: le PLR. Si ça n'était qu'un obscur groupuscule, cette illisibilité ne serait pas trop grave. Venant du grand vieux parti qui a fait la Suisse, et nous a donné des personnalités comme Jean-Pascal Delamuraz, ça donne tout de même quelques frissons.

 

Que se passe-t-il? A de notables exceptions près (Jean- René Germanier, Philippe Nantermod, Christian Lüscher), la grande majorité des candidats PLR romands passent leur temps à quoi? A tomber à bras raccourcis sur l'UDC. Bien sûr, ces deux univers sont très différents, il y a la ligne de fracture des bilatérales, la différence de tonalité politique (langage de la raison, «Vernunft», contre usage de l'image, de l'émotion), oui toutes ces frontières existent, et c'est bien pour cela qu'il y a deux partis. Mais enfin, regardez les votes de ces deux familles politiques sur la plupart des sujets, à Berne, et vous y noterez bien des convergences. Et puis, l'attaque anti-UDC, chez certains caciques PLR, est devenue tellement récurrente, obsessionnelle, qu'elle amène une question majeure: nos braves radicaux ont-ils oublié que l'ennemi premier de la droite, avant d'être une autre composante de cette même droite, était peut-être, tout simplement... la gauche?

 

Dans certains cantons, comme Vaud, on n'est pas loin de l'axe radical-socialiste, oui les bons vieux rad-socs de la Troisième République, avec leurs Compas et leurs Equerres, contre la bête immonde de l'UDC. Sous l'apparence d'arguments moraux, cela traduit d'incroyables faiblesses au PLR. D'abord, parce qu'un parti (a fortiori celui qui a fait le pays!) a mieux à faire que se définir en constante opposition à un autre. Mais aussi parce que la gauche - ils l'apprendront à leurs dépens - ne fait JAMAIS de cadeaux à la droite. De cette soi-disant lutte commune «humaniste», les «PLR gentils» ne tireront nul profit. Ils sont toujours, dans ces cas-là, les dindons de la farce: rappelez-vous Georges Pompidou, en 1969, remontant les bretelles de son premier ministre Jacques Chaban-Delmas suite au discours sur la «Nouvelle Société », qui voulait donner des gages à la gauche. Bref, le PLR, au niveau national, pourrait bien payer assez cher, au soir du 23 octobre, l'erreur de direction dans laquelle il a tourné ses canons. Je terminerai avec une exception déjà mentionnée plus haut: l'excellent Nantermod. Dix types comme ça, et le vieux parti est sauvé.

 

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