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Poggia, carte maîtresse

 

Sur le vif - Jeudi 16.06.11 - 16.10h

 

Là, le MCG a vu juste. En plaçant Mauro Poggia à la tête de ses listes pour les Chambres fédérales, celle du National et celle des Etats, il joue la meilleure de ses cartes, se donne le maximum de chances de décrocher un siège, au moins à la Chambre du peuple, celle des cantons étant légendairement plus difficile à conquérir. Un MCG au National, le symbole serait puissant pour un parti venu d'en bas, jailli de la Glaise et de la Gueuse, ostracisé pendant des années - et encore aujourd'hui - par les assis, les installés, les repus, les horizontaux, de droite comme de gauche, qui se partagent Genève et ses prébendes, dans les cocktails, s'imaginent qu'ils seront toujours là. Que rien, jamais, ne changera. Que le cauchemar MCG n'est qu'une parenthèse, comme le fut celui de Vigilance. Que tout, un jour, finira par rentrer dans l'ordre. Leur ordre. Celui de leurs structures mentales. Leurs prés-carrés. Leurs réseaux. Qu'ils ont fini, à force d'habitudes, de clientélisme, de services rendus les uns aux autres, par confondre avec le convenable, le Bien. La norme.

 

Oui, Poggia est le meilleur des choix, et la décision d'Eric Stauffer de sauter un tour, ne pas se ruer sur toutes les candidatures possibles, faire d'abord ses preuves à Onex, orchestrer la campagne de cet automne, est un acte de maturité. Le tournant de sa carrière, le passage de l'ère de la star qui éclipse tout à celle du stratège, celui qui sait aussi faire naître les vocations, demeurer en retrait.

 

Poggia, antithèse de Stauffer. Cérébral là où l'autre est impulsif, tonalité bourgeoise dénuée d' accents prétoriens, logos démonstratif de l'avocat habitué à des causes complexes, oui les deux hommes sont faits pour se compléter. Oui, en quelques mois, la palette chromatique du parti, y compris sous les lazzis, s'est enrichie : ici, l'irrédentisme levantin d'un Soli Pardo, anar de droite à la subtile noirceur de plume, là la connaissance cadastrale du terrain d'un Carlos Medeiros, pour ne prendre que quelques figures.

 

Lazzis ? Et alors ? Qu'ils rient. Les petits cochons aussi se gaussaient et se trémoussaient, avec leurs petites queues, dans leurs maisons de paille. On connaît la suite. On sait comment s'est terminée la petite musique, la ronde moqueuse, la raillerie du grand méchant loup. Entre soi, entre gens du monde, on se tient, on s'apaise, on se réchauffe. Devant des petits fours, on se rassure. De gauche comme de droite, en coupable transversalité, on attend la fin du cauchemar. On lit le Temps, vecteur des conventions, Psaume du convenable, qui croyait bon, hier je crois, d'ironiser sur la faiblesse du MCG à s'étendre. Oui, on attend, assis, la fin de l'ère des gueux.

 

Sera-t-elle pour le 23 octobre ? Pour Pâques ? Ou pour la Trinité ?

 

Pascal Décaillet

 

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