Sur le vif - Dimanche 05.06.11 - 12.09h
C’est fou, comme certaines géométries peuvent être variables. Lorsque la Soupe reçoit Céline Amaudruz ou Grégory Logean, le temps de parole des invités, entre deux interruptions coassantes, ne dépasse jamais les trois secondes.
Lorsque la même émission accueille le président des Verts suisses, au demeurant courtois et charmant, c’est l’équivalent d’une page de Proust ou de Kafka (oh, lisez la sublime première phrase de l’Amérique: "Als der sechzehnjährige Karl Rossmann, der von seinen armen Eltern nach Amerika geschickt worden war, weil ihn ein Dienstmädchen verführt und ein Kind von ihm bekommen hatte, in dem schon langsam gewordenen Schiff in den Hafen von New York einfuhr, erblickte er die schon langst beobachtete Statue der Freiheitsgöttin wie in einem plötzlich stärker gewordenen Sonnenlicht.") que l’invité, en toute quiétude, a le temps, sans la moindre interruption, de développer.
Quand la Soupe reçoit Céline ou Grégory, on n’entend que les hurlements des chroniqueurs. Quand elle reçoit Ueli le Climatique, on n’entend que la sourde et complice approbation de leur silence.
La géométrie, c’est comme le climat : variable. Et tellement extatique pour l’hystérie des grenouilles.
Pascal Décaillet